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Montée des eaux, déclin généralisé des espèces, chaleur record : la dégradation de l’océan s’accélère, alerte le nouveau baromètre «Starfish»

A la veille de la conférence de l’ONU sur l’océan qui se tient à Nice, un comité de scientifiques internationaux dévoile ce dimanche 8 juin un rapport inédit sur l’état de santé des océans.
Une daurade royale dans la zone protégée du parc national de Port-Cros, en France. (Annika Hammerschlag/AP)
publié le 8 juin 2025 à 11h29

Le grand bleu en grand danger. Un nouveau bulletin mondial sur la santé de l’océan publié pour la première fois ce dimanche, à la veille de la conférence de l’ONU sur l’océan, dresse un constat «alarmant» d’un milieu «qui se dégrade de plus en plus rapidement».

Selon ce rapport intitulé «Starfish», la mer est de plus en plus chaude, son niveau monte, les espèces déclinent et les grands écosystèmes sont menacés. Autant de signes qui montrent «que la situation se dégrade et que le rythme de dégradation s’accélère», déplore Marina Lévy, chercheuse au CNRS, qui a codirigé l’édition 2025 de cet indicateur. Tous les voyants sont donc au rouge.

Destiné au grand public, ce baromètre en forme d’étoile de mer – comme son nom l’indique –, sera présenté ce dimanche aux chefs d’Etat et de gouvernement présents à Nice pour l’Unoc 3. Constitué de cinq branches, l’indicateur réalisé par une équipe multidisciplinaire de chercheurs documente par une série de chiffres l’état de l’océan, les pressions humaines, la facture du changement océanique, les efforts de protection et les opportunités pour l’humanité. Il s‘agit de «montrer à 360° les différentes facettes de l’océan», souligne Marina Lévy.

Plus de 1 500 espèces marines en péril

On y apprend notamment que 1 677 espèces marines risquent de disparaître, dont un tiers des requins et plus d’un quart des cétacés, que les coûts sanitaires dus à l’exposition au plastique via les fruits de mer ont dépassé 219 milliards d’euros en 2015 et que 37,7 % des stocks de poissons sont surexploités.

«La couverture des récifs [coralliens] a presque diminué de moitié en 150 ans», alerte plus loin le rapport, qui pointe également du doigt les activités humaines, qui, en rejetant dans l’atmosphère des émissions de gaz à effet de serre, aggravent «la perte d’oxygène, l’acidification et menace la vie marine». Et entraînent ainsi «un record historique» de la montée des océans.

«C’est un baromètre 2025 qui dit : attention, on est vraiment sur une trajectoire de pression qui augmente, l’océan est en train de changer vite», résume Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean International qui a codirigé le projet. «On n’a aucun mal à lister toutes les pressions qui s‘exercent, c’est assez effrayant», ajoute-t-il.

Cet indicateur, qui a été supervisé par le comité scientifique international du One Ocean Science Congress qui s‘est tenu cette semaine à Nice, sera à partir de cette année actualisé chaque 8 juin pour la journée mondiale de l’océan. Il «va permettre de mesurer de manière quantitative» si les mesures prises pendant l’Unoc «produisent des effets positifs sur l’océan», conclut Marina Lévy.