Les images léchées laissent voir sa silhouette, sa coque, sa proue, mais jamais la voix de Luc Jacquet ne le mentionne au cours de son film Voyage au pôle Sud. C’est un moyen de locomotion sans nom, un bateau fantôme. Pour cette nouvelle expédition sur les terres antarctiques, le réalisateur oscarisé est pourtant loin d’être monté à bord d’un navire inconnu et ordinaire. Il a voyagé sur l’illustre Commandant Charcot. Long de 150 mètres, doté de 123 cabines avec balcon ou terrasse privative, d’un bassin extérieur chauffé, d’un «cigar lounge», le paquebot est le dernier vaisseau-bijou conçu par la compagnie française du Ponant, une société spécialisée dans les croisières de luxe en régions polaires détenue par la famille Pinault. Au sein de la communauté scientifique, tout le monde en parle depuis ses premières virées en 2021 dans les eaux d’un pôle Sud déjà fragilisé. Nombre d’entre eux l’évoquent en grinçant des dents.
Le malaise ? Le nouveau fleuron de la flotte du Ponant se présente comme un «navire d’opportunité scientifique», équipé de deux «laboratoires». Brise-glace ultra-performant grâce à sa coque renforcée, capable de voguer dans de lointaines contrées, il embarque des chercheurs parmi ses passagers de manière gratuite pour leur permettre de «récolter des données» et de «f