En altitude, les fêtes de fin d’année ont été meurtrières. Dans les Pyrénées, mercredi 1er janvier, deux randonneuses sont mortes à quelques heures d’intervalle après avoir toutes deux glissé et chuté de 300 mètres de haut, sur les pentes du pic du Cagire. Le jour de Noël, un skieur de 13 ans est mort dans une avalanche, alors qu’il faisait du hors-piste en Savoie. Alors que 14 personnes sont mortes dans une avalanche en 2024, comment faire pour profiter des plaisirs de la montagne en toute sécurité, même pendant la saison des flocons ? Equipement, préparation, risques à considérer… Nicolas Sauvage, directeur technique national de l’Ecole du ski français (ESF), confie à Libé ses bons conseils.
Plusieurs morts ont été recensées ces derniers jours en montagne. Sont-elles toujours aussi fréquentes ?
Chaque année, on déplore malheureusement environ 30 morts en montagne, aussi bien de skieurs que de randonneurs. Ce chiffre peut monter à 50 pour les hivers les plus meurtriers. Paradoxalement, les accidents arrivent plus fréquemment lorsqu’il fait beau avant un week-end. Les gens oublient qu’il a pu y avoir des chutes de neige et du vent les jours précédents et, comme les conditions semblent idéales, ils sont moins vigilants. Par exemple, les skieurs vont parfois commencer par naviguer proches des pistes et puis petit à petit partir en quête de pentes plus raides.
Documentaire
A cette période de l’année, quels sont les dangers de la montagne ?
En hiver, les conditions météorologiques évoluent rapidement. Ainsi, un secteur qui ne posait aucun problème peut devenir dangereux en l’espace de deux heures. Le vent peut notamment enlever de la neige à certains endroits pour ne laisser que des revêtements très durs et présentant des risques de dévissage importants. Il peut aussi, avec les changements de température, créer des couches de neige à la cohésion plus forte que d’autres. Un peu comme un millefeuille. Cela forme des plaques, que l’on appelle des «plaques à vent», qui peuvent casser au passage des skieurs et provoquer des avalanches.
Comment bien préparer une sortie en altitude ?
La base, c’est de regarder les bulletins météorologiques. Il faut se méfier des variations élevées de températures. Ce sont elles qui impactent les manteaux neigeux, créent des couches fragiles ou des plaques pouvant créer des avalanches. Il est aussi incontournable de consulter le Bulletin d’estimation du risque d’avalanche (Bera). Il est quotidien et présente cinq niveaux de risques. A noter pour les skieurs : une pente au-delà de 30 degrés est un facteur d’avalanche. Il est donc conseillé de rester sur des pentes faibles, surtout quand on ne connaît pas les secteurs.
Reportage
Quel est l’équipement à absolument avoir sur soi ?
Pour éviter les glissades et dévissages, il est fondamental de bien affûter ses carres de skis [partie métallique située de part et d’autre de la semelle, ndlr], de farter ses semelles [appliquer une cire qui s’appelle le «fart»] et de bien les racler. Concernant les avalanches, le minimum est d’avoir un sac avec une pelle et une sonde. Surtout, il est important d’avoir sur soi un détecteur de victimes d’avalanche, qui permet de localiser les personnes ensevelies. On en trouve dans toutes les stations sans problème. C’est un petit investissement – entre 250 et 400 euros – mais il est aussi possible d’en louer. Enfin, il est conseillé de toujours sortir à plusieurs, voire accompagné d’un professionnel, moniteur de ski ou guide de haute montagne.
Et si malgré tous vos conseils on se retrouve en difficulté, quels sont les numéros d’urgence à contacter ?
La plupart des accidents se font autour d’un domaine skiable : il faut donc toujours connaître le numéro du service des pistes situées à proximité. En dehors de ces domaines, il faut contacter les numéros des pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) des secteurs concernés. Sinon, il reste toujours le numéro d’appel d’urgence européen, le 112.