Menu
Libération
Sécheresse

Nappes phréatiques : une situation moins grave qu’en 2022 mais des «difficultés certaines» à prévoir dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude

Malgré récentes pluies, 88 % des réserves souterraines sont en baisse par rapport à début juillet.
Echelle de graduation du niveau d'eau du ruisseau de Nasbina, en Lozère en Juillet 2025. (Maxime Fraisse/Hans Lucas. AFP)
publié le 8 août 2025 à 17h32

Malgré des précipitations bienvenues au mois de juillet, «l’état global des nappes est hétérogène», avec des réserves souterraines majoritairement en baisse (88 %) par rapport à début juillet, souligne le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son nouveau bulletin de situation. Lors des orages, les pluies ruissellent davantage, la végétation assoiffée absorbe toute l’humidité et les chaleurs accroissent la demande en or bleu. Résultat : «On a très peu d’eau qui s’infiltre en profondeur», rappelle Violaine Bault, hydrogéologue au service géologique national. La situation continue de se dégrader légèrement par rapport au mois précédent.

Le Roussillon toujours dans le rouge

Ainsi 44 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 24 % dans un état comparable et 32 % au-dessus de ces normales. La situation des eaux souterraines était beaucoup plus favorable en juillet dernier, avec 70 % des niveaux au-dessus des normales mensuelles. Néanmoins, partout dans l’Hexagone les niveaux sont supérieurs à ceux de 2022 et 2023, années marquées par la sécheresse.

Dans le détail, en juillet, l’état des nappes réactives, qui réagissent rapidement aux pluies, s’est légèrement amélioré, dans le nord-est du Massif armoricain et en Corse. Celui des nappes inertielles, aux écoulements lents et peu sensibles aux conditions météorologiques, s’est, lui, dégradé.

Parmi les points noirs depuis trois ans, «les niveaux sont bas à très bas sur les nappes de la vallée de l’Aude, du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon». Toutefois les pluies de juillet «ont engendré une recharge des nappes les plus réactives (Corbières notamment) et ont permis de réduire les prélèvements (irrigation et arrosage)», relève le BRGM. L’effet n’est que ponctuel puisque les prévisions «demeurent très pessimistes» pour ces prochains mois concernant ces territoires de viticulture, d’arboriculture et de tourisme estival. Il y aura donc des «difficultés certaines» dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, avertit Violaine Bault. L’Artois, le Centre et la bordure est du bassin parisien pourraient également être concernés. La deuxième vague de chaleur de l’été pourrait rapidement amplifier la pression sur les réserves souterraines.

Pour la suite, les tendances devraient rester orientées à la baisse en août dans le pays, comme c’est habituellement le cas en cette période de l’année. «La situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes qui affichent actuellement des niveaux sous les normales mensuelles ainsi que sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements», prévient le BRGM. Le massif armoricain, le bassin aquitain, le couloir Rhône-Saône, le pourtour méditerranéen et la Corse, où les prévisions sont incertaines, doivent faire preuve de vigilance.