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«J’ai cru que l’immeuble allait s’effondrer» : à Nice, un tremblement de terre de magnitude 4,1 secoue la Côte d’Azur

Un séisme de quelques secondes a touché ce mardi 18 mars à 18 h 45 Nice et une partie de la Côte d’Azur, selon le Bureau Central Sismologique Français. Aucune victime n’a été recensée mais les Niçois en sont quitte pour une grosse frayeur.
Nice. ( Jakub Porzycki/NurPhoto via AFP)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 18 mars 2025 à 19h40
(mis à jour le 19 mars 2025 à 10h51)

Mouhamed a cru que la machine à laver essorait très fort. Trois étages plus haut, Slimane pensait qu’une porte avait claqué. Juste au-dessus, Nathalie était persuadée que sa fille avait chuté. Les ondulations ont duré. Ce n’était donc pas le quotidien d’une fin de journée dans cet immeuble du centre-ville de Nice. Les habitants viennent de vivre un séisme de magnitude 4,1. «Vous avez ressenti aussi cette secousse ?», s’inquiète-t-on sur le groupe Whatsapp de l’immeuble. La terre a tremblé à 18 h 45. L’épicentre se situait à 14 km au nord de Nice. Deux autres répliques ont suivi. «Aucun blessé», annonce le préfet des Alpes-Maritimes.

Une heure après, Mouhamed est encore «bien secoué». Il était dans la salle de bains quand il a ressenti «le premier tremblement de terre de sa vie» : «C’est une sensation très bizarre. j’avais l’impression d’être dans un bateau avec des vagues qui me balançaient de droite à gauche, rejoue-t-il, bien assis sur son canapé. C’est inquiétant. Ce qu’on vient de ressentir, ça se passe sous nos pieds.»

«Eloignez-vous des fenêtres», «abritez-vous près d’un mur»

Plus tard dans la soirée, autour de 22 h 30, une réplique sismique de magnitude 3,7 a été enregistrée. Un phénomène «habituel selon les experts sismiques», a tenu dans la foulée à rassurer la préfecture des Alpes-Maritimes, appelant à «ne pas encombrer les services de secours d’appels hors cas d’urgence». Sur la Côte d’Azur, les failles sismiques sont actives. Elles bougent régulièrement. Si bien qu’un plan de prévention séisme (PPR) est en place à Nice. Il comprend la construction parasismique et la surveillance, mais aussi les plans d’évacuation, l’organisation des secours et le risque tsunami. Chaque année, 3 500 écoliers sont sensibilisés à Nice aux risques majeurs. La ville est la première de France à avoir un Plan de prévention des risques sismiques basé sur le microzonage et elle finance une étude pour tendre vers une carte de vulnérabilité et de risques sismiques à l’échelle de la commune. La protection civile 06 rappelle ce mardi soir les bons gestes sur ses réseaux sociaux : «éloignez-vous des fenêtres» et «abritez-vous près d’un mur». En voiture, il ne faut pas sortir et se tenir loin des lignes électriques.

Avant de se mettre à la fenêtre de son appartement niçois, la première chose qu’a regardé Aurélien, c’est son téléphone. Le trentenaire voulait «vérifier s’il y avait une alerte» : «Comme quoi le test tsunami de la dernière fois n’aura pas été totalement inutile», dit-il. C’est depuis son canapé qu’il a vu son lampadaire bouger. D’autres ont eu le réflexe d’appeler les pompiers qui ont reçu «de nombreux appels» mais «aucune notion de victime ni d’impact structurel pour l’instant».

Retour dans l’immeuble. De son propre aveu, Slimane n’a eu «aucun réflexe». Ce commercial de 26 ans était sur son ordinateur quand il a entendu «vibrer» la vaisselle pendant trois secondes. Il est resté figé. «J’ai cru que l’immeuble allait s’effondrer». A l’étage du dessus, Nathalie aussi a «senti le mouvement» : les murs, les vêtements, le miroir. Elle avait déjà ressenti deux séismes dans sa vie. Le bureau central de la sismologie française lance ce mardi soir un appel à témoin et une enquête macrosismique pour «établir une intensité ressentie». Dans la rue, Radka continue de promener ses chiens. Ils n’ont pas bougé. Dans l’immeuble, le chat de Mouhamed aussi n’a pas bronché. Il continue de mener sa petite vie. Peut-être n’a-t-il rien senti.

Mise à jour à 10h48 avec l’ajout de la réplique sismique