Presque cinquante ans séparent Achraf Manar, 26 ans, et Noël Mamère, 75 ans. Le premier est un jeune leader, fondateur du mouvement Destins liés qui lutte contre les inégalités et dont le New York Times a dressé le portrait en 2022. Le second est l’homme des verts qui peut se targuer du meilleur score des écologistes à une présidentielle (5,25 % en 2002) et d’avoir – aussi – célébré le premier mariage gay, en 2004. Deux générations qui font front commun pour une écologie de la dignité, incluant les banlieues et la ruralité. Celle des premiers concernés. Celle à hauteur de vie, d’humains. Mais qui peine, malgré l’ampleur de la crise climatique, à s’imposer dans les mentalités et à grimper dans les suffrages. Face au déni, les deux militants martèlent que riches comme pauvres sont dans le même bateau.
Quelle vision de l’écologie défendez-vous ?
Noël Mamère : La pensée écologique a la prétention d’apporter des réponses dans tous les compartiments de la société. On ne peut pas parler d’écologie si on ne l’adosse pas à la question des inégalités, de la redistribution, et de la lutte contre les injustices. C’est ce que théorisent les grands penseurs, de Henry David Thoreau au XIXe siècle jusqu’à Bruno Latour aujourd’hui. L’un et l’autre marchaient sur leurs deux pieds : la relation à la nature et la défense