Menu
Libération
Gorgones

A Gravelines, des méduses mettent à l’arrêt quatre unités de la centrale nucléaire

La centrale se trouve provisoirement à l’arrêt ce lundi 11 août, sans que cela ait de «conséquence sur la sûreté des installations», assure EDF. Un redémarrage est prévu jeudi.
La central de Gravelines en octobre 2024. (Sameer al-Doumy/AFP)
publié le 11 août 2025 à 14h17
(mis à jour le 11 août 2025 à 20h09)

Elles ne se contentent plus de squatter les plages quand la douceur de l’eau les y invitent : les méduses se transforment en alliées des militants anti-nucléaires. Quatre unités de la centrale de Gravelines (Nord) ont en effet été placées à l’arrêt ce lundi 11 août en raison de la «présence massive et non prévisible» des cnidaires dans les stations de pompage de l’eau servant au refroidissement des réacteurs, a annoncé EDF.

Ces arrêts automatiques des unités 2, 3, 4 et 6 «n’ont pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou sur l’environnement», assure EDF sur son site. La centrale est ainsi provisoirement complètement à l’arrêt, car ses deux autres unités de production 1 et 5 sont actuellement en maintenance.

Un redémarrage prévu jeudi

Selon EDF, les unités de production n°2, 3 et 4 se sont arrêtées automatiquement dimanche entre 23 heures et minuit, avant que l’unité numéro 6 ne s’arrête à son tour, lundi à 6 h 20. «Les équipes de la centrale sont mobilisées et procèdent actuellement aux diagnostics et interventions nécessaires pour pouvoir redémarrer les unités de production en toute sûreté», ajoute EDF.

Selon une porte-parole de l’énergéticien, leur redémarrage est pour l’instant prévu pour jeudi 14 août. «Il n’y a pas de risque de pénurie» pour le réseau électrique à cause de cet incident, rassure en revanche la même source, car d’autres centrales nucléaires et d’autres sources d’énergie fonctionnent en ce moment, notamment le solaire.

Un précédent en France en 2021

Située au bord de la mer du Nord, Gravelines est la plus grande centrale nucléaire d’Europe occidentale, par son nombre de réacteurs et sa capacité de production (six réacteurs à eau pressurisée de 900 mégawatts chacun). La centrale doit par ailleurs accueillir deux réacteurs de nouvelle génération (EPR2) de 1 600 MW chacun à l’horizon 2040. Les bâtiments seront installés sur des polders, ce que dénonce Greenpeace.

L’incident «a interrompu la production d’électricité mais n’a pas affecté le refroidissement des équipements assurant la sûreté des réacteurs», souligne de son côté l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), avant d’ajouter : «Ce risque est connu et la centrale de Gravelines dispose de procédures en cas d’afflux d’éléments marins (méduses, algues) susceptibles de colmater ses dispositifs de filtration.»

Des réacteurs nucléaires paralysés à cause d’une invasion de méduses, c’est «assez rare», mais EDF a déjà connu ça «dans les années 1990», rapporte par ailleurs la porte-parole de l’énergéticien. Des cas similaires se sont ainsi déjà produits, notamment dans les années 2010, aux États-Unis, en Écosse, en Suède ou encore au Japon.

En France, en 2021, une autre centrale nucléaire avait, elle, essuyé une baisse de production de vingt-quatre heures des suites d’autres invités imprévus. Un banc de petits poissons s’était en effet infiltré dans la centrale de Paluel, en Seine-Maritime, s’installant dans la station de pompage de la centrale.

Mise à jour à 20 h 09 avec les précisions de l’Autorité de sûreté nucléaire.