La nouvelle était pour le moins attendue. La Finlande vient de lancer son EPR, réacteur de troisième génération, à la centrale nucléaire d’Olkiluoto, douze ans après la date initialement programmée. Il s’agit du troisième «European Pressurized water Reactor» mis en activité dans le monde. Ce nouveau type de réacteur nucléaire à eau pressurisée, doit signer la «renaissance» du nucléaire. Lancée en 1992, la technologie a été codéveloppée par le français Areva et l’allemand Siemens. Ces bouilloires géantes chauffées à l’uranium sont censées être plus sûres, plus performantes et générer moins de déchets radioactifs. Seulement, les déboires et retards s’accumulent.
Six EPR ont déjà été commandés : deux en Chine, un en Finlande, deux en Grande-Bretagne et un en France. Quatorze autres sont en projet : six en Inde à Jaipur, deux autres au Royaume-Uni à Sizewell et six autres en France. Tour d’horizon des EPR en activité et en construction.
Olkiluoto, en Finlande
Dans le sud-ouest de la Finlande, le premier chantier d’EPR au monde avait débuté en 2005. Douze ans après la date de mise en service prévue pour 2009, le réacteur nucléaire EPR d’Olkiluoto 3 a enfin démarré ce mardi. Le Covid s’était ajouté à une série de déboires techniques. Construit par EDF et Areva, cet EPR doit fournir environ 15 % de la consommation du pays nordique.
Il atteindra ses capacités maximales à partir de juin et deviendra alors le plus puissant réacteur en opération en Europe. Estimée à 3 milliards d’euros, la facture a finalement atteint près de 10 milliards.
"We are now moving step by step with safety first attitude towards the moment we have waited for a long time. The preconditions for the startup of the reactor have been fulfilled, and soon we will be able to realize our promises on #FinlandsGreatestClimateAct.” @marjohmustonen pic.twitter.com/ltsUl1FrHh
— Teollisuuden Voima (@tvo_fi) December 16, 2021
Flamanville, en France
Le deuxième chantier lancé dans le monde a été celui de Flamanville, dans la Manche. Commencé en 2007 et mené par EDF, il cumule dix ans de retard. Il a également accumulé les déconvenues, à cause notamment d’anomalies découvertes sur la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve. De gros problèmes de soudures ont aussi dû être rectifiés.
EDF annonce désormais une mise en route en 2023. Les associations misent plutôt sur 2024 ou 2025. Initialement estimé à 3,3 milliards, cet EPR coûtera 12,4 milliards d’euros selon EDF, 19 selon la Cour des comptes.
🔎 #LeSaviezVous ? Près de 460 000 m3 de béton ont été utilisés pour construire l'#EPR de Flamanville 🔧 C'est l'équivalent du volume de 122 piscines olympiques 🏊 #EDF #nucléaire pic.twitter.com/2YrsecVOtI
— EDF EPR Flamanville (@EDFEPR) August 27, 2021
Taishan, en Chine
Fin 2009, la Chine a lancé le chantier de deux EPR au sein de la centrale de Taishan, près de Hongkong. Bien qu’entamé après celui de Flamanville, Taishan 1 est devenu le premier réacteur nouvelle génération au monde à entrer en service en décembre 2018, avec deux ans de retard. Le deuxième réacteur de Taishan l’a suivi en 2019. L’ensemble a été construit par le français Areva et l’électricien chinois CGNPC pour huit milliards d’euros. Les deux EPR de Taishan fournissent l’équivalent de la consommation annuelle de cinq millions de Chinois, soit 0,35 % de la population.
Cependant, le réacteur 1 est arrêté depuis juillet, à la suite d’un incident dans le cœur du réacteur. Des investigations sont en cours pour en déterminer la cause.
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Hinkley Point, en Angleterre
Lancé officiellement en 2018, le chantier pharaonique d’Hinkley Point était une nouvelle occasion pour EDF de montrer qu’il pouvait tenir les délais. Raté. La construction de deux réacteurs au sud-ouest de l’Angleterre devait s’achever en 2025. La mise en activité du premier réacteur ne sera finalement pas effective avant juin 2026.
Les retards imputables au Covid sont venus s’ajouter à de précédentes déconvenues telles que des travaux de terrassement plus importants que prévu. Le projet est pour le moment estimé à 4 milliards d’euros de surcoût (26 milliards contre 22). Une fois construite, la centrale d’Hinkley Point C (composée des deux réacteurs EPR) devrait produire 7 % de l’électricité au Royaume-Uni.