Les organisateurs parlent d’une «Manif du futur» face à ces déchets qui vont rester hautement radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d’années. Une mobilisation a été organisée ce samedi 20 septembre autour de Bure (Meuse), contre le plan d’enfouissement des déchets nucléaires, le «projet Cigéo». Depuis son lancement en 1991, le «Centre industriel de stockage géologique» – qui doit accueillir à 500 mètres sous terre des déchets des centrales - est contesté par des écologistes et des associations locales.
Entre 700 à 2 000 personnes, selon la préfecture et les organisateurs, ont manifesté à partir de 14 heures sous haute surveillance policière. Sous le vrombissement des hélicoptères de gendarmerie qui surveillaient la zone, les participants, dont les députées Sandrine Rousseau (groupe écologiste) et Mathilde Panot (LFI), ont elles aussi défilé au son des tambours. «La mobilisation sera évidemment déterminante puisque le gouvernement veut commencer des travaux en 2027» mais aussi parce que «Lecornu à Matignon est un pro-nucléaire connu qui lui-même s’est occupé du dossier de Bure», avait notamment déclaré l’élue insoumise avant la manifestation.
Dans le cortège principal, les banderoles et bannières portaient l’effigie du réseau Sortir du nucléaire, de La France insoumise, d’Europe écologie les Verts, du Nouveau parti anticapitaliste, ou encore de la Confédération paysanne ou du syndicat Solidaires. L’Etat veut «nous imposer un projet destructeur et dangereux», qui engendre aussi l’«accaparement de terres et de forêts par l’Andra» sur lesquelles «on pourrait installer des paysans», a déploré un représentant de la Confédération paysanne lors d’une conférence de presse, avant le départ du cortège.
Cette lutte «est vitale et nécessaire pour préserver notre environnement et la population», a souligné de son côté Pauline Goyer, de Greenpeace. Certains manifestants étaient venus de d’Allemagne et d’Italie, et des autocars avaient été spécialement affrétés depuis l’Alsace, Paris, Lyon, Nantes ou la Suisse.
Près de 200 militants black blocs selon la préfecture
Le parcours de sept kilomètres de cette «manif du futur» avait été validé par la préfecture, mais celle-ci avait décrété des «zones d’exclusion» interdites aux manifestants, notamment les abords du laboratoire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) à Bure.
En plus des 700 participants au cortège autorisé, la préfecture a dénombré quelque 200 militants black blocs, vêtus de noir et le visage dissimulé. Ceux-ci ont progressé sur une route différente de celle du cortège autorisé, a constaté l’AFP. Certains ont lancé des projectiles en direction des gendarmes, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes.
Avant la manifestation, le préfet Xavier Delarue avait évoqué dans la presse locale sa crainte de débordements de la part de «manifestants radicalisés». «À l’évidence, les organisateurs locaux n’ont pas la main», avait-il dit au quotidien L’Est Républicain. Xavier Delarue avait alors édicté un arrêté interdisant le transport de carburant, de matériaux de construction, de matériel de sonorisation, ou d’accessoire destiné à dissimuler le visage.
Des «armes et matériels dangereux» ont été découverts dans les contrôles pratiqués sur les manifestants, a indiqué la gendarmerie nationale sur X, en publiant des photos de spray au poivre et de sabre japonais. «Aucune cause ne peut excuser l’utilisation d’armes dans une manifestation», a commenté à ce propos, également sur X, le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau.
«Inquiétude»
Durant la déambulation, des messages ont été envoyés «aux générations futures dans des capsules temporelles», ont souligné les organisateurs. Selon les militants, «l’inquiétude grandit» en Meuse face à des risques de «déforestation, chantier hors-norme, contamination et raréfaction de la ressource en eau», d’«installations nucléaires de base géantes» ou encore de «convois de déchets atomiques» circulant sous les fenêtres des habitants.
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Après l’achèvement en juillet des expertises techniques nécessaires, d’autres étapes sont attendues avant le décret autorisant formellement la création de Cigéo et donc les travaux, annoncés pour fin 2027-début 2028. Par ailleurs, en Meuse, une procédure d’expropriation est toujours en cours. L’Andra doit encore acquérir 13 hectares sur les 665 nécessaires, ainsi que 65 ha de tréfonds pour les installations souterraines. Les militants installés dans l’ancienne gare de Luméville, haut lieu de la lutte contre le projet, sont expulsables à partir du 11 octobre.
Mise à jour : à 18 h 08, avec le déroulé de la mobilisation