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A Taishan en Chine : crainte d’une fuite radioactive dans une centrale nucléaire EPR

Un incident toucherait la centrale nucléaire de Taishan, qui comporte deux réacteurs EPR de technologie française, selon CNN. Les autorités chinoises parlent, elles, d’indicateurs environnementaux «normaux».
La centrale de Taishan, en décembre 2013. (Peter Parks /AFP)
publié le 14 juin 2021 à 11h22
(mis à jour le 14 juin 2021 à 13h34)

C’est la première centrale de type EPR au monde. Et depuis ce lundi matin, elle est placée sous une surveillance aussi haute qu’indirecte après la publication d’informations sur une éventuelle fuite radioactive. Framatome, filiale d’EDF, aurait en effet mis en garde l’administration américaine contre une «menace radiologique imminente» la semaine dernière autour de cette centrale située à Taishan, dans le sud-est de la Chine, affirme CNN. Au cours d’une conférence de presse lundi après-midi, EDF a expliqué que l’exploitant de la centrale a «réalisé des rejets atmosphériques» de gaz rares, mais «dans le respect des limites réglementaires définies par l’autorité de sûreté chinoise»

Située à proximité de Hongkong, c’est la première centrale de type EPR à avoir été mise en service dans le monde, en 2018. Ses deux réacteurs de technologie française ont été construits par EDF, actionnaire de la centrale à 30 %. Un porte-parole du groupe français a tenté de calmer les esprits en déclarant : «On n’est pas sur une dynamique d’un accident avec fonte du cœur.»

EDF avait admis ce lundi matin que l’un des deux réacteurs avait subi une «augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire». Un «phénomène connu, étudié et prévu par les procédures d’exploitation des réacteurs», avait précisé le fournisseur d’électricité dans un communiqué. Il avait ajouté avoir «sollicité la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire […] pour que le management présente l’ensemble des données et les décisions nécessaires».

Sa filiale Framatome a simplement annoncé surveiller «l’évolution d’un des paramètres de fonctionnement» de la centrale nucléaire de Taishan. Sans mentionner de fuite, ni préciser lequel des paramètres était surveillé.

Niveaux de radiation en question

CNN affirme également que les autorités de sûreté chinoises auraient relevé les limites acceptables de radiation à l’extérieur du site, pour éviter d’avoir à mettre la centrale à l’arrêt. De son côté, l’exploitant de la centrale, China General Nuclear Power Group, a fait état d’indicateurs environnementaux «normaux», sans toutefois faire directement référence aux informations de CNN.

«A l’heure actuelle, la surveillance continue des données environnementales montre que les indicateurs environnementaux de la centrale nucléaire de Taishan et ses environs sont normaux», a indiqué le groupe chinois. Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a fait aucun commentaire sur la situation. Ce lundi est le dernier jour d’un long week-end férié en Chine, ce qui peut expliquer le relatif silence des administrations.

La chaîne de télévision CNN explique que Framatome aurait sollicité le gouvernement américain en voyant que les autorités chinoises continuaient d’augmenter le niveau maximum de gaz autorisé à être rejeté par la centrale. Framatome aurait contacté le département américain de l’Energie pour la première fois à la fin du mois de mai, les informant d’un problème potentiel sur la centrale de Taishan. L’entreprise française leur a ensuite soumis le 3 juin une demande de dérogation qui lui permettrait de «répondre à une problématique de sécurité urgente», les avertissant qu’un réacteur laissait fuiter du gaz de fission. Dans une note datée du 8 juin, Framatome décrit la situation comme «une menace radiologique imminente pour le site et la population» et demande la permission au département américain de l’Energie de transférer une aide technique à la centrale de Taishan, selon CNN.

Plusieurs réunions depuis une semaine

Malgré ces alertes répétées, l’administration Biden estime que la centrale n’est pas dans une «situation de crise», rapporte la chaîne américaine. Pour Washington, ni les travailleurs de la centrale ni les citoyens chinois ne sont en danger. Mais, preuve que le sujet préoccupe les Américains, plusieurs réunions à ce sujet se sont tenues la semaine dernière, dont certaines avec des responsables du gouvernement français, affirme CNN.

La Chine compte une cinquantaine de réacteurs en fonctionnement, ce qui la classe au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la France. Des réacteurs EPR similaires à ceux de Taishan sont actuellement en construction en France, à Flamanville mais aussi au Royaume-Uni et en Finlande. Lancée en 1992, cette technologie présentée comme le fleuron de la filière nucléaire française a déjà subi de nombreux retards.