Pas encore installé qu’il a déjà un surnom qui circule dans les couloirs d’EDF : «le pompier de Macron». La liste des incendies que Luc Rémont, dont la nomination à la tête d’EDF sera officialisée ce mercredi en Conseil des ministres, est longue comme le bras. Et l’Etat, qui a obtenu mardi le feu vert de l’Autorité des marchés pour renationaliser l’opérateur électrique, est à cran. Les incendies ? Le premier concerne la perspective de coupures d’électricité début 2023, y compris chez les particuliers, en fonction de la rudesse hivernale. Un scénario mis sur la table la semaine dernière par RTE et évidemment redouté par le gouvernement, tant l’effet sur l’opinion serait dévastateur. La crise énergétique internationale liée à la guerre en Ukraine ne pourra pas servir d’argument pour faire passer la pilule, puisque la cause de la pénurie d’électricité sera largement imputable à l’état du parc nucléaire français, dont presque la moitié des réacteurs est à l’arrêt pour maintenance. A ces soucis sur le parc existant, il faut ajouter le fiasco du réacteur EPR «du futur», de Flamanville (Manche). Le futur ayant pris un sacré retard…
Luc Rémont a lui même reconnu arriver dans une situation «de crise technique et industrielle». Il faut y ajouter une crise financière, avec une dette abyssale et des pertes sur l’exercice 2022 qui le sont tout autant. N’en jetez plus ! Eh bien si. Libération révèle que le dossier de la nouvelle génération d’EPR qu’Emmanuel Macron a placée au cœur de sa stratégie énergétique ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille. Le chef de l’Etat espère pouvoir inaugurer la première phase de ce chantier à 52 milliards dès 2024. C’est son grand œuvre susceptible à la fois de relancer la filière nucléaire et de tenir à ses yeux nos engagements de production d’énergie décarbonée. Problème : la liste noire des points techniques dressée par les autorités de sûreté est elle aussi longue comme le bras. Au point de compromettre le calendrier rêvé d’Emmanuel Macron. Luc Rémont arrive donc bien dans une maison où le feu couve partout.