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Libération
Surcoûts et angles morts

EPR de Flamanville : son coût et son fonctionnement en infographie

Après douze ans de retard, le premier réacteur français de type EPR a enclenché dans la nuit du 2 au 3 septembre sa première réaction de fission, sur le site nucléaire de Flamanville, dans la Manche. S’il est dérivé d’une technologie qui équipe les 18 centrales nucléaires d’EDF, sa taille, ses équipements de sureté et sa puissance sont en revanche inédits.
L’EPR peut alimenter trois millions de foyers mais doit être rechargé en combustible tous les quatre ans et produit des déchets radioactifs qu'il faut retraiter et stocker. (Alice Clair)
publié le 3 septembre 2024 à 10h23

L’EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville (Manche), qui a enclenché dans la nuit de lundi à mardi sa première opération de «divergence» pour démarrer à très faible puissance, est dérivé de la technologie éprouvée des réacteurs à eau pressurisée (REP) qui équipe les 18 centrales nucléaires d’EDF depuis la fin des années 70. Sa taille et sa puissance de 1 650 MW – quasi équivalente à deux réacteurs classiques – sont en revanche inédites. Tout comme ses équipements de sûreté : double coque en béton pour protéger le réacteur, quatre diesels d’ultime secours pour assurer le refroidissement, etc. Le principe de la bouilloire reste le même : la réaction nucléaire de fission obtenue à partir des barres d’uranium produit de la chaleur qui est évacuée sous forme d’eau sous pression transformée en vapeur par des générateurs dédiés. C’est cette vapeur qui permet ensuite faire tourner l’énorme turbine chargée de produire une électricité abondante et décarbonée. L’EPR peut alimenter trois millions de foyers mais doit être rechargé en combustible tous les quatre ans et génère des déchets radioactifs qu’il faut retraiter et stocker à l’usine de La Hague (Manche), en attendant un enfouissement futur sur le site de Cigeo, à 500 mètres sous terre, à Bure dans la Meuse.

Après sa première réaction de fission opérée le 3 septembre au petit matin, le réacteur montera progressivement en puissance : 25 % «à la fin de l’automne» avec un premier raccordement au réseau électrique, mais il ne fonctionnera pas à plein régime avant «plusieurs mois». Les 100 % de puissance nominale ne sont pas attendus avant le début de l’année 2025 et il faudra changer le couvercle de la cuve dès 2026, qui présente des malfaçons, à la demande du gendarme du nucléaire. Mais ce premier démarrage est un énorme soulagement pour EDF et l’Etat actionnaire après un chantier qui aurait duré dix-sept ans, accumulé douze ans de retard et 15 milliards d’euros de surcoûts : l’EPR de Flamanville va enfin pouvoir servir de banc d’essai et de vitrine pour le futur programme des 6 à 15 «EPR 2» voulus par Emmanuel Macron entre 2035 et 2050 pour assurer la continuité de l’indépendance du pays en électricité décarbonée