Le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, a affirmé ce samedi 19 juillet depuis Rangiroa (vendredi en Polynésie française), qu’il ne devait y avoir «aucun obstacle» à la transparence sur le nucléaire, quatre ans après l’ouverture des archives militaires décidée par le président de la République. Rangiroa est un atoll des Tuamotu, l’archipel polynésien dans lequel la France a réalisé 193 expérimentations atomiques entre 1966 et 1996.
«Il n’y a absolument rien à cacher, c’est une histoire qui est là, qui pèse, qui est parfois douloureuse en matière de santé, en matière d’indemnisations, de vérité et de transparence, je fais partie de ceux qui pensent qu’il ne doit y avoir aucun obstacle», a déclaré Manuel Valls, en visite du 15 au 22 juillet dans le territoire.
En matière de nucléaire, la transparence n’a pas toujours été le maître-mot de la politique française dans le Pacifique, comme l’a démontré par de nombreux exemples et témoignages le rapport d’une commission d’enquête parlementaire sur les expérimentations nucléaires rendu public le 17 juin.
«L’Etat a menti, oui, c’est sûr», a affirmé Mereana Reid-Arbelot, députée indépendantiste de la Polynésie française et rapporteure de cette commission.
Révélations
La commission a estimé que la France devait demander «pardon» à la Polynésie et proposé que cette demande vienne du Parlement, «au nom de la nation».
«Critère du millisievert»
Parmi les 45 recommandations de la commission d’enquête figure également la suppression du seuil d’un millisievert, actuellement requis pour être indemnisé au titre des conséquences sanitaires des essais nucléaires réalisés en Polynésie française.
«On a bon espoir que la plupart des recommandations de la commission d’enquête soient mises en œuvre, et la plus importante, c’est la suppression du critère du millisievert», a souligné le président polynésien, Moetai Brotherson.
Santé
Le président de l’Assemblée de la Polynésie française, Antony Géros, a de son côté dit avoir insisté auprès de Manuel Valls sur «la nécessité de modifier en profondeur la loi Morin pour avoir des indemnisations acceptables».
«Les propositions du rapport d’enquête me semblent intéressantes, elles donneront lieu à une proposition de loi qui sera débattue, c’est de l’initiative de l’Assemblée nationale, dans quelques mois et le gouvernement sera très attentif à ses travaux», a pour sa part assuré le ministre des Outre-Mer.
L’opposition autonomiste, elle, n’a pas été convaincue par «cette énième commission sur le sujet», selon le député Moerani Frébault, qui déplore : «On n’a aucune information nouvelle, aucun document scientifique nouveau, je ne pense pas que cette commission d’enquête ait fait avancer les choses de quelque manière que ce soit.»