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Nucléaire

Face à la sécheresse, des réacteurs nucléaires forcés de baisser leur production

Plusieurs réacteurs nucléaires d’EDF ont été contraints d’abaisser leur production ce vendredi en raison des températures élevées des cours d’eau utilisées pour leur refroidissement. A Golfech, une unité de la centrale est en puissance minimale.
La centrale nucléaie de Bugey. Le 25 janvier 2022. (Jean-Philippe Ksiazek /AFP)
publié le 5 août 2022 à 17h49
(mis à jour le 6 août 2022 à 12h24)

Les eaux de la Garonne sont chaudes. Trop pour EDF et ses réacteurs nucléaires. «Les conditions climatiques exceptionnelles actuelles se traduisent par une montée de la température de la Garonne qui a atteint 28 degrés», a précisé l’entreprise ce vendredi après-midi, avant d’annoncer qu’à «la demande du gestionnaire de réseau d’électricité national (RTE), l’unité de production n° 2 de la centrale de Golfech reste en production (puissance minimale)». Une puissance minimale correspondant à environ 300 MW, contre 1 300 MW en temps normal. Quant au second réacteur de la centrale située dans le Tarn-et-Garonne, il est pour sa part en arrêt programmé.

Afin de ne pas échauffer les cours d’eaux environnants et tenter de préserver au mieux la faune et la flore, chaque centrale a ses propres limites réglementaires de température de rejet de l’eau à ne pas dépasser. En cas de «conditions climatiques exceptionnelles» comme c’est le cas actuellement à Golfech, les arrêtés fixant les limites de rejet prévoient également des seuils plus élevés.

Des dérogations temporaires délivrées

Alors que la France traverse un nouvel épisode caniculaire, quatre centrales nucléaires du pays dont celle du Bugey située dans l’Ain ont obtenu des dérogations temporaires permettant de relever ces seuils. Autour de la centrale de Bugey, «les conditions climatiques exceptionnelles que nous connaissons depuis quelques jours se traduisent par une montée de la température du Rhône, qui a atteint plus de 25 degrés», a constaté EDF dans un point distinct au sujet de cette infrastructure. «Les unités de production n° 2 et 5 ont été maintenues sur le réseau dans le respect des dispositions relatives aux situations climatiques exceptionnelles», a précisé le groupe. Ces deux réacteurs ont réduit leur puissance et les deux autres sont pour leur part en maintenance programmée.

Par ailleurs, les centrales nucléaires du Blayais, de Saint-Alban-Saint-Maurice, de Golfech, du Bugey et du Tricastin vont bénéficier jusqu’au 11 septembre de dérogations environnementales concernant les températures de rejet d’eau à cause des fortes chaleurs, malgré des impacts négatifs possibles pour l’environnement. Un arrêté publié samedi au Journal officiel fixe «de nouvelles limites de rejets thermiques applicables aux réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey, du Blayais, de Saint-Alban-Saint-Maurice, de Golfech et du Tricastin».

EDF avait prévenu en début de semaine qu’il pourrait être contraint d’abaisser sa production nucléaire ces prochains jours et voire d’arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves. Néanmoins, le producteur d’électricité se veut rassurant. EDF relativise la portée de ces évènements, rappelant que depuis 2000, ces pertes de production ont représenté en moyenne 0,3 % de la production annuelle du parc. Régulièrement, le parc nucléaire français est touché par des baisses de production qui interviennent en période estivale. Mais cette année, ces perturbations sont intervenues bien plus tôt dans l’année, dès le mois de mai.

Mis à jour samedi 6 août à 12 heures 20 : un arrêté publié samedi au Journal officiel fixe «de nouvelles limites de rejets thermiques applicables aux réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey, du Blayais, de Saint-Alban-Saint-Maurice, de Golfech et du Tricastin».