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Nucléaire : la mise en service de l’EPR de Flamanville prévue cet été

Douze ans après la date initiale prévue, l’Autorité de sûreté nucléaire a annoncé ce mardi 7 mai avoir donné son autorisation à la mise en service de l’EPR d’EDF à Flamanville (Manche).
Vue générale des trois réacteurs de l'EPR de Flamanville, le 25 avril 2024. (Stephanie Lecocq/REUTERS)
publié le 7 mai 2024 à 17h45
(mis à jour le 7 mai 2024 à 17h45)

C’est une annonce qui intervient avec plus d’une décennie de retard. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné ce mardi 7 mai son feu vert à la mise en service future de l’EPR de Flamanville. Une décision qui va permettre à EDF de commencer à charger le combustible nucléaire dans le cœur du réacteur, étape clé pour le lancement progressif de la production d’électricité prévu au cours de l’été, douze ans après le calendrier initial.

A l’issue de son instruction, «l’ASN vient d’adopter l’autorisation de mise en service de l’EPR de Flamanville», a ainsi annoncé Julien Collet, directeur général adjoint du gendarme de la sûreté nucléaire en France. Cette autorisation va permettre à EDF «d’engager la phase d’essais qui va se poursuivre» au cours des prochains mois. Ces essais permettront notamment de «vérifier le bon comportement du cœur du réacteur» et «le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté du réacteur», a expliqué Julien Collet.

EDF peut désormais commencer à tout moment le chargement, «un par un», des assemblages d’uranium dans le réacteur, un jalon essentiel avant le lancement progressif de la production d’électricité. Le raccordement au réseau électrique, également appelé «couplage», n’interviendra lui que dans quelques mois, une fois que le réacteur aura atteint 25 % de sa puissance, après une montée progressive par paliers. Ce n’est qu’en «fin d’année» que le réacteur devrait fonctionner et livrer ses électrons à 100 % de sa puissance. Le premier fournisseur d’électricité en France devra encore solliciter l’avis de l’ASN à trois reprises : «avant de démarrer la réaction nucléaire», «au palier de puissance de 25 %, puis au palier de puissance de 80 %», a détaillé le directeur du gendarme du nucléaire.

Des années de retard et un budget initial quadruplé

A l’heure où le gouvernement veut construire jusqu’à 14 réacteurs en France, le chargement du combustible est une étape décisive pour EDF et toute la filière, qui entendent tourner la page d’un chantier difficile de 17 ans, émaillé de multiples problèmes et dérapages budgétaires colossaux. Si le démarrage se confirme à l’été 2024, il interviendra avec 12 ans de retard sur le calendrier de départ, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.

Lancée en 1992 comme le fleuron de la technologie nucléaire, avec une collaboration initiale franco-allemande, la technologie du réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçue pour relancer l’atome en Europe, après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, en offrant une sûreté et une puissance accrues. Mais cette promesse s’est heurtée à de nombreux contretemps. A l’instar du premier chantier d’EPR, lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, celui de Flamanville démarré en 2007 a connu de multiples déboires : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l’acier de la cuve, défauts de soudure…