Une étape de plus pour le projet controversé d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse). Une enquête publique va être menée à partir de ce mercredi et jusqu’au 23 octobre. Conduite par une commission indépendante composée de cinq membres nommés par le tribunal administratif de Nancy, cette procédure officielle pourrait déboucher sur une déclaration d’utilité publique de Cigéo. Ce projet piloté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) vise à enfouir, à 500 mètres sous terre, 85 000 m3 des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français.
Le futur centre de stockage, localisé à Bure, à la limite entre la Meuse et la Haute-Marne, est censé entrer en exploitation autour de 2035, mais deux étapes sont indispensables avant : la demande de déclaration d’utilité publique et celle d’autorisation de création.
Expropriations
Pendant cinq semaines, la commission récoltera les avis des personnes intéressées ou opposées au projet, grâce à des permanences physiques et téléphoniques, et à un site internet dédié. Dans son rapport qu’elle remettra fin novembre, la commission rendra un avis favorable ou défavorable : «Ce n’est pas une autorisation de travaux mais une reconnaissance de l’intérêt général du projet», a précisé son président Claude Bastien lors d’une conférence de presse. «C’est important que chacun s’exprime», a-t-il ajouté.
Si le projet Cigéo obtient une déclaration d’utilité publique, l’Andra pourra «acquérir les terrains, au besoin par expropriation», a précisé Claude Bastien. L’agence a précisé qu’il lui restait encore 120 hectares de terrain à acquérir.
Les associations opposées à ce projet ont exprimé leur scepticisme face à cette enquête publique, qualifiée notamment de «vaste fumisterie» et de «simulacre de démocratie» par le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra). «On ne peut que dénoncer l’enquête publique, c’est une phase réglementaire qui ne remet en aucun cas en cause le projet» Cigéo, a expliqué à l’AFP Juliette Geoffroy, porte-parole du collectif. «On ne peut pas encourager les gens à participer à ce processus qui ne répondra pas aux craintes», a-t-elle ajouté.
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«Ni les critiques, ni les avis négatifs exprimés par plusieurs communes désormais opposées au projet n’ont entraîné de remise en question. La seule réponse des autorités est le déni, la répression et la criminalisation de la contestation», peste dans un communiqué le réseau Sortir du nucléaire, qui dit ne pas être «dupe». «Pas d’illusions» non plus du côté de Michel Marie, membre du Cedra et ancien porte-parole du collectif. «On sait que le feu vert sera donné car c’est un projet d’Etat», affirme-t-il, mais il appelle tout de même à participer à cette enquête. «Il faut se faire entendre : les argumentaires des citoyens finissent par faire bouger les choses», a-t-il souligné. Plusieurs débats publics nationaux ont déjà été organisés, notamment en 2013 et en 2019, et ont fait l’objet de vives critiques par les opposants, qui ont estimé ne pas y être entendus.
«On va se mobiliser pendant l’enquête publique pour dire tout le bien qu’on en pense», a quant à lui ironisé Jean-Marc Fleury, porte-parole de l’Association des élus opposés au projet (Eodra). Les collectifs anti-nucléaires ont prévu trois jours de mobilisation de mercredi à vendredi dans les communes de la Meuse autour de Bure.