L’épilogue de longs mois de négociations. Emmanuel Macron a officialisé la nomination de Pierre-Marie Abadie à la tête de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), selon un décret publié au Journal Officiel ce mercredi 6 novembre. Ce haut fonctionnaire expert de l’énergie prendra la présidence le 13 novembre de cette instance qui verra le jour le 1er janvier 2025, à l’issue de la fusion controversée entre l’ASN, le gendarme de la sûreté nucléaire et l’IRSN, l’institut expert du secteur.
Proposée par le chef d’Etat au printemps, sa candidature a ensuite été validée le 16 octobre par le Parlement. Si elle avait été saluée par l’IRSN, la nomination de Pierre-Marie Abadie avait toutefois soulevé plusieurs interrogations. Notamment concernant des délais serrés entre sa promulgation et la création effective de l’ASNR. L’actuel président de l’ASN, Bernard Doroszczuk avait évoqué un calendrier «tendu» et des incertitudes à lever comme un manque de 37 millions d’euros sur le budget de l’autorité.
Atomes
La deuxième controverse concerne un potentiel conflit d’intérêts que devra désamorcer le nouveau patron du nucléaire français. Pierre-Marie Abadie est depuis octobre 2014 le directeur général de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l’Andra. Cet organisme est le maître d’ouvrage de Cigéo, un projet d’enfouissement en profondeur des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français. Or, ce projet prévu à Bure, dans la Meuse et initié par le gouvernement en 2006, est actuellement à l’instruction à l’ASN. La nouvelle autorité de sûreté nucléaire héritera donc de ce dossier contesté.
Pierre-Marie Abadie a néanmoins déjà promis qu’une fois nommé, il se déporterait du dossier et ne s’occuperait plus de Cigeo, et ceci «sur l’ensemble du mandat de six ans». Il a aussi précisé qu’il ne participerait «à aucune des discussions et des décisions relatives aux installations et aux décisions qui concernent directement l’Andra».