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Libération
Pleins gaz

Odeur d’œuf pourri, origine, toxicité, durée… Qu’est-ce que ce nuage de soufre qui traverse la France ?

L’éruption d’un volcan islandais a entraîné un échappement dans l’air de dioxyde de soufre, qui s’est retrouvé en France dans la nuit de samedi à dimanche 25 août, jusqu’à mardi. Si l’odeur peut être désagréable, ses risques sanitaires sont faibles.
Le Sundhnuksgigarod, ici dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août, est entré en éruption en Islande, près de Grindavik, causant le dégagement d'une grande quantité de soufre. (Public Defense Department of the State Police in Iceland/AFP)
publié le 26 août 2024 à 11h54

Un peu comme un œuf pourri. Si une odeur inhabituelle vous fait tiquer depuis ce dimanche 25 août, n’accusez pas trop vite votre voisin d’avoir tenté une expérience culinaire bancale. L’explication se trouve certes dans l’air, mais s’étend sur toute la France et ses voisins. «Un vaste nuage de dioxyde de soufre SO2 survole actuellement l’Europe occidentale d’Ouest en Est», confirme le météorologiste Guillaume Séchet, sur X. Libé fait le point.

Qu’est-ce que c’est ?

Inutile de fixer l’extérieur pour discerner un horizon qui serait troublé par une espèce de brume. Le dioxyde de soufre (SO2 pour sa formule chimique) est un gaz parfaitement incolore. On le repère surtout par son odeur caractéristique, un peu âcre, comme un œuf pourri - plus ou moins prononcée selon sa concentration dans l’air.

Ce nuage de gaz nous vient tout droit de l’Islande. Le dioxyde d’azote est généralement émis lors de procédés industriels, en particulier la combustion de fossiles comme le pétrole ou le charbon. Mais il provient cette fois-ci de sa première source naturelle : l’activité volcanique. Plus précisément de l’éruption du Sundhnuksgigarod, dans l’ouest de l’île, près de la ville de Grindavik, une région déjà plusieurs fois secouée par des éruptions ces derniers mois. Les entrailles du volcan ont fait s’échapper, le jeudi 22 août, de la lave mais aussi de grandes quantités de dioxyde de soufre.

Combien de temps va-t-il rester en France ?

Porté par les vents, le nuage a parcouru l’océan, survolé le Royaume-Uni, et est (entre autres) arrivé en France dans la nuit de samedi à dimanche. Il s’est étalé «sur une grande partie du territoire ce dimanche, précisait ce jour-là le site spécialisé Météo Express. Les concentrations les plus importantes sont observées des régions océaniques au Benelux.» Il continue sa progression ce lundi, «vers l’est et le sud de l’Europe», complète le météorologiste Guillaume Séchet ce lundi matin. Il se diluera ensuite dans l’atmosphère dans les jours à venir.

Est-ce dangereux pour la santé ?

Le dioxyde de soufre est, en soi, un polluant qui comporte des risques pour la santé humaine et animale. L’inhaler peut provoquer maux de gorge, toux, nez qui coule, yeux brûlants voire difficultés respiratoires. «L’exposition aiguë est responsable de troubles respiratoires sévères avec œdème pulmonaire et bronchoconstriction», selon la fiche toxicologique de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Respiré de manière régulière, le SO2 peut aussi provoquer des bronchites et pharyngites chroniques. «L’exposition à ce gaz peut également exacerber des affections respiratoires préexistantes», poursuit l’INRS.

Pas de panique cependant : les concentrations de soufre du nuage qui traverse actuellement la France sont faibles. «Ces taux de SO2 restent limités et ne représentent pas de danger pour la santé, d’autant que le nuage a tendance à se diluer», insiste Guillaume Séchet.

Est-ce que la situation s’est déjà produite en France ?

Le phénomène est assez courant. Il avait été par exemple observé en mars dernier, déjà provoqué par l’éruption d’un volcan islandais, dans la péninsule de Reykjanes. Aucune conséquence sanitaire n’avait été rapportée en France. Autre exemple en septembre 2021, cette fois après l’éruption du volcan Cumbre Vieja sur l’une des îles des Canaries. Une fois de plus, malgré quelques inquiétudes provoquées par les images impressionnantes du phénomène, aucun impact significatif sur la santé ou la nature n’avait été noté. D’autant que la France se situait à des milliers de kilomètres de l’émanation du gaz, comme c’est aussi le cas cette fois-ci.