Au lendemain des législatives, l’espoir renaît au sein des ONG et des associations de voir enfin advenir la transition écologique. L’occasion semble trop belle après le (relatif) échec du Rassemblement national et le nouvel équilibre des forces à l’Assemblée nationale : si le futur Premier ministre ou la future Première ministre était issue du Nouveau Front populaire (NFP), ce serait «une chance historique d’accélérer la transition écologique», croit le président de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Pendant sept ans de mandat d’Emmanuel Macron, «on a bataillé pour éviter la régression sur ces sujets, abonde Antoine Gatet, à la tête de France Nature Environnement (FNE). Il est temps de montrer que d’autres politiques environnementales et sociales positives sont possibles». Soit tout faire pour conserver un monde vivable en protégeant les plus fragiles, alors que la France métropolitaine se dirige vers un réchauffement moyen d’environ 2,7°C en 2050.
«Pas le droit à l’erreur»
La possibilité d’une révolution verte, inattendue, a notamment été permise par l’élan «exceptionnel et pluriel» de la société civile, rappelle Cécile Duflot, présidente d’Oxfam et ex-députée écologiste. Un soutien précieux, comme l’ont reconnu dès le 7 juillet au soir certains cadres du Nouveau Front populaire. A eux désormais de tenir leurs engagements, exhortent les représentants de la société civile verte, qui promettent de veiller au grain. «Les promesses doivent se traduire en actes. La mobilisation ne s’éteindra pas. On sera la lumière verte qui clignote dans la pièce, disant : “Attention nous sommes là”», prévient l’ancienne ministre du Logement (2012-2014). Il n’y a plus de temps à perdre, alertent-ils. «Sans pression citoyenne, des choses indispensables peuvent sauter, ajoute Claire Nouvian, présidente de l’association Bloom, qui œuvre pour la protection des océans, alors que toutes les bascules structurelles doivent être engagées avant 2030. Ils n’ont pas le droit à l’erreur.»
A lire aussi
Parmi leurs attentes se trouvent entre autres la taxation des superprofits pour financer la transition écologique, la baisse de la TVA sur les transports en commun, l’interdiction du glyphosate ou encore la rémunération des pratiques d’agroforesterie. Mais surtout, sur la forme, le prochain gouvernement devrait, selon eux, renouer avec leurs collectifs. Ceux-ci, unanimes sur ce point, assurent avoir «beaucoup souffert» de la décrédibilisation, de la criminalisation et de l’ignorance dont ils ont fait l’objet ces dernières années de la part de la majorité présidentielle. Aussi, si elle parvient à accéder aux responsabilités, la nouvelle coalition de gauche devra «enclencher une désescalade de la répression contre les populations marginalisées et les militants de l’environnement», appelait Soraya Fettih, chargée de campagne France à 350.org dans un communiqué publié le 8 juillet.
«Restaurer un lien de confiance»
Féris Barkat, cofondateur de Banlieues Climat, qui a mobilisé les jeunes des quartiers populaires strasbourgeois pendant la campagne, va même plus loin : «On fera tout pour maintenir la flamme, mais à eux aussi de faire un pas vers nous. On ne doit pas être oubliés à peine les élections passées. Qu’ils viennent dans nos cités !» Pour ces acteurs associatifs, le risque de voir l’extrême droite arriver au pouvoir lors de la présidentielle de 2027 est loin d’être écarté. Alors afin d’éviter le «pire», la mue des pratiques parlementaires est souhaitée. Il faut sortir de «l’impasse dans laquelle on se trouve à cause des méthodes technocratiques d’Emmanuel Macron», pousse Cécile Duflot. Et Antoine Gatet, de FNE, de plaider pour davantage de dialogue : «On a besoin de restaurer un lien de confiance. Les réalités scientifiques et la remise en cause de la croissance – incompatible avec les limites planétaires – doivent maintenant s’imposer dans les débats.»
En parallèle, les associations et les ONG font aussi leur introspection. D’abord, tous tirent la même conclusion du besoin urgent de retourner dans les territoires, notamment ceux acquis au RN. «Actuellement, on travaille beaucoup sur les politiques nationales et internationales, relate Anne Bringault, directrice des programmes chez Réseau Action Climat. Maintenant, on veut mettre l’accent sur ce qui touche au quotidien des Français, ce que peuvent faire les collectivités, les régions.» Puis de créer, enfin, un lien indispensable entre les défenseurs de la planète et ceux qui œuvrent pour la justice sociale. «Aujourd’hui, le social s’ouvre beaucoup aux questions du climat, et vice-versa. Et cela va continuer», rapporte Antoine Gatet. «On veut montrer que la transition écologique, c’est des solutions, surtout pour les ménages qui peinent à boucler leur fin de mois», avance Anne Bringault. Une alliance entre fin du monde et fin du mois, pour, espèrent ces militants, éloigner le danger d’une future vague brune anti-écologique.