Depuis la mort d’une orque dans la Seine, près du Havre en mai dernier, les résultats des analyses réalisées post-mortem étaient attendus de pied ferme pour connaître les raisons de son décès. Ce mercredi, la préfecture dévoile le compte rendu de la nécropsie. Ainsi, l’orque, une femelle de 4,26 mètres pour 1 100 kilos et en mauvaise condition physique serait probablement morte de faim. «Son estomac était vide, à l’exception de quelques griffes et vibrisses de phoques retrouvées, confirmant qu’elle ne s’était pas alimentée récemment», écrit la préfecture de Normandie et de la Seine-Maritime dans un communiqué.
Bien que la cause exacte du décès ne soit pas formellement connue, «les éléments recueillis indiquent que sa mort n’est pas directement liée à son passage dans la Seine», précise la préfecture. La piste privilégiée reste la mort par inanition, c’est-à-dire par épuisement dû au fait que l’animal ait cessé de s’alimenter. En effet, il était «plus compliqué» pour l’orque de se nourrir dans la Seine. «Il y a moins de proies qu’en mer. Et elle [était] toute seule alors que ce sont des animaux qui chassent en meute», expliquait Gérard Mauger, le vice-président du GECC, une association missionnée par l’Office français de la biodiversité (OFB) pour l’étude et la préservation des mammifères marins en Manche.
Communiqué de presse - 🐋 Orque en Seine-Maritime : Résultats des analyses et de la nécropsie ⤵️ pic.twitter.com/3EGGtyJwl3
— Préfet de Normandie et de la Seine-Maritime (@Prefet76) July 6, 2022
En outre, si les spécialistes ont d’abord cru que l’animal souffrait de mucormycose, les analyses ont montré que le mammifère marin était en réalité atteint de Saprolegnia, un champignon commun présent en eau douce «qui ne peut être à l’origine du décès».
Sea Shepherd porte plainte
Plus troublant, les experts ont trouvé une munition, une «balle», dans les tissus de l’orque, «à la base du crâne». Néanmoins, «aucune certitude ne peut être tirée à ce stade de cette découverte» : il pourrait s’agir d’une blessure «subie par l’animal quelques semaines, voire plusieurs mois auparavant» son errance dans la Seine. Il est donc pour l’instant impossible de faire le lien entre la balle retrouvée et le décès de l’animal. Cette information a néanmoins été portée à la connaissance du procureur de la République de Rouen, qui devra décider des suites de l’affaire, informe le communiqué de la préfecture.
Au titre de cette découverte, l’association de défense des océans Sea Shepherd - qui avait nommé l’orque Sedna (déesse de la mer) - annonce avoir porté plainte contre X pour «tentative de destruction d’espèce protégée» . D’autres résultats sont attendus dans les prochains mois : potentiels polluants et traumatisme sonore ou encore analyse des dents, afin «d’améliorer les connaissances sur ces populations animales et leur état de santé». Le squelette sera ensuite préparé et rejoindra la réserve des mammifères marins du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris.