Produits frits comme les chips ou les frites, panés, margarine, sauces, pâtes à tartes, conserves à l’huile… Plusieurs centaines, voire un millier de produits pourraient être concernés en France. Pénurie d’huile de tournesol oblige, les industriels sont forcés de faire sans cet ingrédient phare et de le remplacer par d’autres, comme celle de colza, de palme ou encore de soja. Sauf que ces changements de recette ne seront pas tout de suite stipulés aux consommateurs. Le gouvernement a en effet tranché ce mardi : les fabricants auront un délai pour mentionner sur les emballages qu’ils ont remplacé l’huile de tournesol dans leurs recettes.
A l’issue d’une concertation avec industriels et associations de consommateurs, Bercy a précisé que les entreprises qui feront cette demande de dérogation auront six mois pour changer leurs emballages, et deux mois pour signaler une modification de recette sur l’emballage, sans préciser nécessairement lequel. Dans le cas de l’ajout de produits allergènes, ou dans l’hypothèse où l’emballage comporte des allégations qui ne seraient plus vraies, comme «100 % bio», «sans huile de palme» ou encore «nourri sans OGM» par exemple, l’indication d’un changement de recette doit en revanche être immédiate. L’ensemble des modifications ayant fait l’objet d’une dérogation seront référencées sur un site de la Répression des fraudes (DGCCRF), un service du ministère de l’Economie.
«Biscuits, pots pour bébé, œufs, chips, pesto, frites, poulet, cakes, céréales… Nous avons découvert que les recettes de nombreux aliments allaient changer.» L’ONG Foodwatch n’entend pas laisser les industriels, par leur mauvaise communication, tromper les consommateurs. «A la place du tournesol, on trouvera de l’huile de colza ou encore de l’huile de palme. Le risque ? Que vous ne sachiez rien de ces changements de recettes, l’information étant quasiment invisible au moment de votre achat.»
Une «totale transparence» réclamée
L’association insiste sur la nécessité d’une «totale transparence», et a donc salué mardi «l’effort des autorités» en ce sens. Elle a toutefois alerté «sur le casse-tête de l’accès à l’information pour les consommateurs», au mieux via des autocollants sur les emballages - pas tous - ou via un QR code dans les magasins renvoyant vers le site internet de la Répression des fraudes (DGCCRF).
Pour d’autres aliments, aucune information ne sera apposée sur l’emballage. Un simple affichage est prévu en rayon, en caisse et à l’entrée du magasin pour signaler qu’il y a des dérogations sur certains produits – sans donner le détail des produits - et inviter les consommateurs à scanner un QR code qui renverra vers le site de la Répression des fraudes (DGCCRF), explique l’association.
«Certains publics qui ne sont pas à l’aise avec l’utilisation d’un smartphone ou ne sont pas aguerris aux recherches sur internet seront donc privés de ces informations», alerte encore Foodwatch. L’ONG de défense des consommateurs a lancé une pétition en ligne pour exiger de la part des industriels des informations aisément accessibles pour les consommateurs.
Billet
D’autres modalités de dérogation verront le jour. Certains produits se verront ainsi apposer un tampon «DEROG» à côté de la date de péremption. Une mention très discrète, également insuffisante pour Foodwatch, qui affirme que l’on ignore à ce jour sur quels produits ce tampon figurera.
Les industriels avaient saisi les services de Bercy il y a déjà plusieurs semaines pour alerter sur les tensions d’approvisionnement en huile de tournesol et demander l’autorisation de modifier leurs recettes. Ciblé par l’invasion russe depuis la fin du mois de février, l’Ukraine est le premier pays exportateur de ce produit de consommation courante.