Les poumons des citoyens attendront. Le Parlement européen et les Vingt-Sept écartent tout durcissement des normes de pollution sur les gaz d’échappement des voitures particulières dans l’Union afin d’épargner des coûts supplémentaires à l’industrie automobile.
La nouvelle norme antipollution Euro 7, approuvée lundi 18 décembre au soir par les colégislateurs, abaissera cependant les seuils d’émission pour les poids lourds et introduira pour la première fois en Europe des limites aux émissions de particules engendrées par l’usure des freins et des pneus. Elle prévoit également des exigences minimales de performance pour la durabilité des batteries des voitures électriques et hybrides. Celles-ci devront ainsi conserver au moins 72 % de leurs capacités après huit ans ou 160 000 km. Le Parlement et les Etats membres doivent encore approuver formellement l’accord avant qu’il puisse entrer en vigueur. Et les nouvelles règles ne s’appliqueront que trente mois après son entrée en vigueur pour les voitures et camionnettes, et quatre ans après pour les bus et camions.
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Ces règles sont moins ambitieuses que celles proposées par la Commission européenne en novembre 2022. La France et l’Italie ont été en pointe pour défendre les intérêts de la filière automobile et ses 14 millions d’emplois dans l’Union. L’ONG Transport & Environment avait dénoncé en septembre «un désastre pour la qualité de l’air» et une réglementation qui «fait passer les profits records des constructeurs automobiles avant la santé des citoyens».
De leur côté, les constructeurs avaient mis en avant les effets potentiels de normes trop sévères sur l’emploi ainsi que sur le prix des voitures, déjà de moins en moins accessibles pour la classe moyenne. Ils avaient également plaidé qu’il leur fallait procéder à des investissements massifs pour développer leurs nouvelles gammes électriques face à la concurrence de Tesla et des constructeurs chinois, et qu’il serait stupide d’investir dans des moteurs thermiques voués à disparaître. L’Union européenne a en effet acté la fin des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, au profit des véhicules 100 % électriques. Une argumentation contestée par nombre d’ONG de défense de l’environnement, comme l’avait expliqué Libé début novembre. Lundi soir, l’Association des constructeurs européens d’automobiles, lobby en pointe dans la bataille anti-norme Euro 7, a salué «la certitude en matière de planification» apportée par la nouvelle norme. «Nous sommes parvenus à une solution équilibrée pour la nouvelle norme d’émissions Euro 7, qui améliorera la qualité de l’air pour nos concitoyens tout en évitant de faire peser une charge supplémentaire sur l’industrie», s’est félicité l’eurodéputé Jens Gieseke, négociateur du groupe PPE (droite).