A défaut d’une loi sur la déforestation, un durcissement de l’encadrement des Pfas ? Les eurodéputés et les Etats membres ont trouvé un accord mardi 23 septembre au soir à Bruxelles pour mieux lutter contre la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques en Europe. Cette loi doit encore être définitivement approuvée par le Parlement et les Vingt-Sept avant sa transposition dans les pays européens avant la fin 2027.
Dans les cours d’eau, elle ajoute à la liste des produits polluants à contrôler en priorité 25 «polluants éternels» (Pfas) - ces substances chimiques persistantes extrêmement difficiles à éliminer - dont l’acide trifluoroacétique (TFA), dont l’UFC-Que Choisir avait annoncé, en janvier 2025, avoir retrouvé des traces excessives dans l’eau du robinet, notamment à Paris.
Utilisés dans de nombreux objets (textiles, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine, cosmétiques…) pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur, les Pfas peuvent avoir des effets délétères sur la santé : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement des fœtus…
«Un grand pas en avant»
Pour les nappes phréatiques, le texte européen promet une surveillance élargie de vingt PFAS. Il reprend sur ce volet une autre loi consacrée à l’eau potable et qui prévoit à partir de 2026 un seuil maximum de 0,1 microgramme par litre pour la concentration additionnée de 20 polluants éternels «considérés comme préoccupants pour les eaux destinées à la consommation humaine».
A lire aussi
Avec cet accord, «nous faisons un grand pas en avant pour limiter la pollution de l’eau par les PFAS, les pesticides et d’autres produits chimiques dangereux», a assuré la commissaire européenne en charge de l’environnement, la Suédoise Jessika Roswall.
Etat critique des eaux européennes
Début février, un rapport de la Commission européenne soulignait «l’état critique» des eaux de surface en Europe - lacs, rivières, fleuves - dont seulement 26,8 % étaient dans un bon état chimique en 2021 contre 33,5 % en 2015. Cette étude pointait une large contamination par le mercure et d’autres polluants toxiques dans les cours d’eau.
Pour l’eau potable, les nappes phréatiques connaissent en revanche une légère amélioration : 86 % des masses d’eau souterraines étaient en bon état chimique en 2021 contre 82,2 % en 2015.
Afin de lutter plus largement contre les polluants éternels, l’Union européenne veut mettre sur la table en 2026 une proposition d’interdiction des PFAS dans les produits de consommation courante «comme les boîtes à pizza ou les vêtements imperméables», assortie d’exceptions pour des secteurs jugés indispensables, dans le domaine médical notamment.
La présentation de cette proposition de loi avait un temps été évoquée pour la fin 2025, mais les négociations sont difficiles avec les industriels.