Pour la première fois, l’Etat est reconnu responsable de la mort d’un homme dans le cadre du scandale des algues vertes. La cour administrative d’appel de Nantes l’a condamné ce mardi 24 juin à indemniser la famille de Jean-René Auffray, un joggeur retrouvé mort envasé dans des algues vertes, à Hillion (Côtes-d’Armor), en septembre 2016. D’après France 3 Bretagne, l’Etat a été reconnu responsable à 60 % dans sa mort.
Carences
La cour «retient la responsabilité pour faute de l’Etat, en raison de ses carences dans la mise en œuvre de la réglementation européenne et nationale destinée à protéger les eaux de toute pollution d’origine agricole» qui est «la cause principale de la prolifération des algues vertes en Bretagne», explique-t-elle dans un communiqué. Le préjudice subi par les proches du défunt sera partiellement indemnisé, la cour estimant que l’homme de 50 ans avait pris un risque en allant courir dans cet estuaire.
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La cour a donc suivi le rapporteur public, qui avait enfin reconnu au début du mois un lien de causalité directe entre la prolifération de ces algues toxiques sur les littoraux bretons et la mort du quinquagénaire, en raison de l’inhalation d’hydrogène sulfuré. Un revirement judiciaire pour la famille, dont la requête en première instance avait été rejetée par le tribunal administratif de Nantes, en 2022.
Gaz mortel
Présentes en mer à l’état naturel, les algues vertes prolifèrent dans les baies bretonnes, où elles sont nourries par des apports de lisier épandu par les agriculteurs dans les champs et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers. Fréquemment commercialisées sous le nom de «laitue de mer», ces ulves, sans risque quand elles sont fraîches, émettent en se décomposant un gaz mortel, l’hydrogène sulfuré (H2S).