Un bateau en feu abandonné, des piles de conteneurs s’écroulant dans les flammes, des billes de plastique vomies sur les plages… Depuis le 20 mai, les photos spectaculaires du calvaire du X-Press Pearl, un porte-conteneurs singapourien, tiennent le monde en haleine. Et font craindre au Sri Lanka une catastrophe environnementale sans précédent. Le X-Press Pearl n’a pourtant rien d’un navire-poubelle sous pavillon de complaisance. Long de 186 mètres, large de 34, conçu pour transporter 2 700 conteneurs, il est sorti le 10 février du chantier chinois Zhoushan Changhong International, sur commande de la compagnie X-Press Feeders, enregistrée à Singapour. C’est un «feeder», navire de petit tonnage qui fait des rotations dans les ports pour distribuer les cargaisons déchargées dans les grands nœuds logistiques par les géants des mers.
Cet immense bazar flottant, parti fin avril de Malaisie, était chargé d’acheminer poissons séchés, oranges, pistaches, poulets congelés, parfums, chocolats, shampooings, mais aussi voitures (neuves et d’occasion), pièces d’hélicoptère, tapis, médicaments… Le manifeste d’expédition fait en outre état d’une grande quantité de produits lubrifiants, de 78 tonnes de granulés de plastique destinés à l’industrie et de 349 conteneurs de résine époxy. Les 81 conteneurs classés «dangereux» contenaient, eux, 25 tonnes d’acide nitrique, de la soude caustique, de l’éthanol, du méthanol, de l’urée et des lingots de plomb. Ajoutez à cela 350 ton