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Pollution

Autour du lac Léman, des plages remplies de particules de microplastiques

Selon une étude menée en 2021 et en 2022, la pollution des plages autour du plus grand lac d’Europe occidentale est «préoccupante», révélant une moyenne de 7 600 particules de microplastiques par mètre carré.
Plage des Eaux Vives au bord du lac Léman. (Camille Moirenc/Hemis.AFP)
publié le 20 août 2024 à 19h02

Chaque année, les plages du lac Léman, réputées pour leur beauté, sont prises d’assaut par les touristes. Ce mardi 20 août pourtant, la commission franco-suisse chargée de veiller sur la santé du lac a qualifié leur pollution de «préoccupante», pointant notamment du doigt les fibres textiles synthétiques relâchées lors du lavage des vêtements.

A l’initiative de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (Cipel), l’Association franco-suisse pour la sauvegarde du Léman (ASL) a décidé de mener une étude en 2021 et 2022, démontrant «l’ampleur de cette pollution», ont annoncé ces deux organisations dans un communiqué. Les prélèvements ont été effectués sur 25 plages suisses et françaises encerclant le Léman, le plus grand lac d’Europe occidentale.

Des fibres textiles synthétiques

L’étude, baptisée «Pla’stock», a révélé une moyenne de 7 600 particules de microplastiques (de 0.3 mm à 5 mm de longueur) par mètre carré. Un chiffre «préoccupant en comparaison avec d’autres études menées», estiment la Cipel et l’ASL. Plus précisément, les analyses montrent qu’environ 60 % des particules sont des fibres textiles synthétiques, relâchées lors du lavage des vêtements ou par l’usure. Les 40 % restants sont issus de la fragmentation de macroplastiques, qui menace l’écosystème lémanique. «Ces derniers, visibles à l’œil nu, ont été recensés par 100 bénévoles formés», poursuivent les organisations. Mais bien que la moitié des plages étudiées accumulent des macroplastiques, l’étude montre «une légère baisse des quantités en regard des précédents recensements».

Les emballages de nourriture, les mégots de cigarettes et les granulés plastiques à usage industriel sont les trois éléments les plus souvent identifiés. Mais la majorité des macroplastiques récoltés étaient fortement fragmentés et de petite taille (<2,5 cm), ajoute l’étude, qui précise que plus de la moitié des objets triés n’étaient plus identifiables.

Des microplastiques dans les poissons du Léman

Une précédente étude Cipel, menée également en 2021-2022, avait montré une accumulation progressive «significative des microplastiques dans les poissons du Léman». Ces particules, qui transportent des polluants comme les métaux lourds et les composés organiques persistants, augmentent la toxicité des plastiques pour les organismes aquatiques. «Il est nécessaire de prendre des mesures pour réduire l’apport de plastiques dans le lac, notamment via les affluents et les eaux pluviales», insistent la Cipel et l’ASL, qui précisent que «la sensibilisation du public et des autorités est essentielles pour des actions concrètes et efficaces».

Les deux organisations soulignent que l’Union Européenne a mis en place des mesures proactives visant à réduire cette source majeure de pollution, notamment l’installation obligatoire de préfiltres sur les machines à laver d’ici 2025. En Suisse, ajoutent-elles, le gouvernement et la chambre basse du parlement ont refusé une proposition similaire déposée en 2019. «Malgré ce rejet, des initiatives volontaires restent cruciales pour réduire la pollution par les microfibres et protéger la biodiversité du Léman», concluent la Cipel et l’ASL. En attendant de nouvelles mesures, les organisations recommandant d’utiliser des sacs de lavage anti-microfibres, de choisir des textiles durables et de meilleure qualité, et d’adopter de bonnes pratiques de lavage, comme laver à basse température et réduire la fréquence des lavages.