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Libération
Transition écologique

Covoiturage à Paris : l’équipe Hidalgo défend son périphérique transformé en «boulevard urbain»

La mairie de Paris a confirmé ce jeudi 23 novembre qu’une voie de la rocade parisienne serait dédiée aux covoitureurs et aux transports en commun. La mesure devrait entrer en vigueur après les JO de 2024.

La mesure concernant le covoiturage, couplée avec la réduction de la vitesse de 70 à 50 km/h sur ce ruban de goudron, doit permettre de «transformer le périphérique en boulevard urbain». (Amaury Cornu/Hans Lucas. AFP)
Publié le 23/11/2023 à 18h11

Le projet fait grincer les dents mais la Mairie de Paris n’en démord pas : le périphérique parisien aura bel et bien sa voie réservée pour le covoiturage. L’aménagement, prévu par le plan climat 2024-2030 de la ville pour réduire son empreinte carbone d’ici à 2050, est défendu à nouveau ce jeudi 23 novembre. «C’est un élément structurant pour respecter nos engagements climatiques dans le cadre de l’accord de Paris», avance Emmanuel Grégoire, premier adjoint en charge du Grand Paris et de la transformation des politiques publiques, lors d’une conférence de presse. La mesure, couplée avec la réduction de la vitesse de 70 à 50 km/h sur ce ruban de goudron, doit permettre de «transformer le périphérique en boulevard urbain».

L’objectif est de réduire la pollution atmosphérique et sonore «insoutenable» ainsi que l’accidentologie, en diminuant le nombre de véhicules - sans toucher au nombre des trajets. «Le constat est simple, il y a 8 000 décès prématurés chaque année à cause de la pollution en Ile-de-France. Environ 500 000 personnes vivent à proximité du périphérique et souffrent des nuisances sonores et d’une mauvaise qualité de l’air. Enfin, le périphérique est emprunté chaque jour par 1,2 million de personnes dont 80 % sont seuls dans leur voiture», déroule Emmanuel Grégoire. «Moins de voitures égale moins de pollution», martèle de son côté David Belliard (Les Écologistes), adjoint en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie. Dans la colonne «plus», l’élu évoque aussi une réduction de la consommation de carburants et donc un gain en pouvoir d’achat pour les ménages.

Héritage des JO

Initialement prévu pour les Jeux Olympiques 2024 qui se tiennent l’an prochain du 26 juillet au 11 août pour le transport des participants, le dispositif doit survivre à la fin des compétitions. «Le projet faisait partie de la candidature pour les Jeux, et il a été voté par tous les groupes politiques, notamment la droite et la majorité présidentielle qui semblent découvrir le projet», tacle Emmanuel Grégoire, fustigeant au passage les «jugements trop hâtifs» de l’opposition. «On a beaucoup discuté, maintenant il faut agir», argue l’élu, qui rappelle que cette proposition était au cœur de la mandature d’Anne Hidalgo lors de l’élection municipale de 2020.

Pour Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France (Les Républicains), «réserver une voie à quelques automobilistes aura pour effet de provoquer une thrombose aux entrées et sorties du périphérique, et donc probablement d’augmenter la pollution et les nuisances sonores», argumente-t-elle auprès du Figaro. Elle soutient que dans la région, le nombre de passagers par véhicule est autour de 1,3. Le groupe Changer Paris, présidé par Rachida Dati, la maire du XIIe arrondissement de Paris, a pour sa part qualifié le plan de «dogmatique», arguant qu’il était «déconnecté du quotidien des Parisiens».

Du côté de la majorité présidentielle, le ministre des Transports Clément Beaune se disait déjà en juin dernier «ouvert à l’idée de réserver une voie du périphérique (parisien) au covoiturage», réclamant tout de même des études d’impact. «Si c’est pour faire plus de congestion, ce n’est pas tellement écologique. Si ça permet de fluidifier le covoiturage et le transport en bus et d’autres usages, je pense que c’est positif et il faut le regarder. Mais il faut une étude d’impact préalable». Selon la consultation du public, tenue au printemps 2023, 82 % des répondants sont également défavorables à cette voie réservée.

Mercredi, Anne Hidalgo a estimé qu’il y aurait «deux choses sur lesquelles on ne va pas être prêt» avant les JO de Paris qui débutent le 26 juillet, à savoir «les transports» et «la mise à l’abri des personnes sans domicile» fixe. La maire a ciblé en creux la responsabilité de la région – qui a autorité sur les transports franciliens – et du «gouvernement un peu aussi».