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Activisme

Des arbres plutôt que des jets privés : des militants investissent l’aéroport du Bourget contre les «criminels climatiques»

Une trentaine d’activistes d’Attac et d’Extinction Rébellion se sont introduits ce vendredi 22 septembre sur le tarmac de l’aéroport situé près de Paris. Tout en plantant des arbres, ils entendent dénoncer «la responsabilité des ultra-riches dans la crise écologique».
Lors d'une précédente action à l'aéroport du Bourget, en septembre 2022. (Emmanuel Dunand/AFP)
publié le 22 septembre 2023 à 17h36

Pour lutter contre la crise climatique et l’inaction des politiques, ils privilégient la désobéissance civile non violente. Ce vendredi 22 septembre en début d’après-midi à l’aéroport du Bourget, des dizaines de militants écologistes se sont introduits sur le tarmac pour y «planter des arbres» et dénoncer «les criminels climatiques» qui ont recours aux jets privés. Les activistes – membres d’Attac et d’Extinction Rébellion – sont parvenus à pénétrer sur le site après avoir ouvert le grillage à la meuleuse.

Ils ont alors planté deux arbustes fruitiers sur le tarmac et détourné le panneau devant le portail de l’aéroport d’affaires. L’inscription «Zone militaire protégée» a été ironiquement transformée en «Zone de crimes climatiques». Affublés de masques enfantins et de combinaisons blanches, les militants ont aussi dispersé de la poudre colorée au sol, déposé des bottes de paille et déployé des banderoles proclamant «Ne laissons pas les ultrariches détruire la planète» et «Non aux jets privés - Oui aux arbres fruitiers».

L‘opération, qui a duré une vingtaine de minutes, s’est achevée par l’appel d’une militante écologiste aux gendarmes les informant de leur action. Ces derniers sont arrivés quelques minutes après et ont détruit les installations, avant de contrôler les militants à la sortie de l’aéroport du Bourget.

«On a une carte à jouer, comme ce fut le cas à Amsterdam où les jets privés ont été interdits»

L’objectif de l’action était de «montrer que cet espace bétonné de l’aéroport du Bourget pourrait être utilisé à des fins meilleures, qui ne seraient pas nocives pour la planète et notre santé et serviraient l’intérêt commun, contrairement à l’usage climaticide de jets privés par les quelque ultra-riches», indiquent Attac et d’Extinction Rébellion dans un communiqué commun. Selon une estimation réalisée par la fédération d’ONG Transport & Environnement, sur un trajet de 500 km, un vol en jet privé est de 4,5 fois à 14 fois plus émetteur de CO2 qu’un vol en avion de ligne, et 50 fois plus que le même trajet sur une ligne de train européenne.

Sur place, la porte-parole d’Attac, Lou Chesné, a exhorté «qu’aucune action gouvernementale» n’étant entreprise, les citoyens et citoyennes étaient légitimes à mettre hors état de nuire ces criminels climatiques qui nous privent de notre avenir». Et la militante de poursuivre : «On a une carte à jouer, comme ce fut le cas à Amsterdam où suite à une action de désobéissance civile, les jets privés ont été interdits.» En avril, l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol avait annoncé l’interdiction prochaine des vols de nuit et des jets privés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les nuisances sonores.

Il y a un an, en septembre 2022, des militants d’Attac et d’Extinction Rébellion avaient déjà bloqué pendant près de deux heures l’accès à un terminal de l’aéroport du Bourget. Cette action symbolique, qui n’avait d’ailleurs pas affecté le trafic aérien en termes d’atterrissage ou de décollage, entendait surtout dénoncer la pollution causée par ces jets privés. Après cette intrusion, onze personnes ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Bobigny à des amendes allant de 300 à 500 euros, le 14 septembre. Ils ont fait appel de la décision. Au nom de l’écologie et de la crise climatique, leur mobilisation se poursuit.