L’océan est calme. Ce jour de mars, le soleil est haut, le vent faible et aucune vague ne s’écrase sur les hautes falaises de la pointe du Raz, dans le Finistère. Une météo hors norme pour ce Grand site de France habitué aux fortes bourrasques, l’un des passages les plus dangereux pour les marins. «Les courants y sont extrêmement violents», situe Claude Marzin, natif de la commune voisine, Plogoff. Le sexagénaire, qui travaille et habite désormais à Brest, est venu rendre visite à sa mère. «Grandir ici, c’est comme vivre sur une île. On est loin de tout, il n’y a pas de boulot, c’est rude», poursuit-il. Les villages et leurs résidents tiennent notamment grâce au tourisme. La beauté du panorama, entre landes, bruyères, prunelliers et terres de granit, attire près de 900 000 visiteurs par an. Un spectacle que s’arrachent les nouveaux propriétaires, de plus en plus nombreux depuis la pandémie de Covid. «Avant, c’était encore très plouc. Aujourd’hui, les maisons se vendent à prix d’or», relate Claude Marzin, aussi membre de l’association locale de sauvegarde du patrimoine historique.
Mais une tache d’huile revient depuis quelques mois gâcher ce tableau digne d’Instagram. Sous terre ou cachés dans les bunkers construits sur les côtes bretonnes pendant la Seconde Guerre mondiale, gisent des centaines de sacs remplis de pétrole. Enfouis il y a plus de cinquante ans, ils sont devenus les encombrants vestiges des