C’est une opération d’envergure qui s’est déroulée ce lundi 5 juin dans huit communes de France. La police antiterroriste a procédé à l’arrestation d’une quinzaine de militants écologistes, soupçonnés d’avoir participé en décembre à une action contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône).
«Inacceptable retournement»
Ces interpellations ont été effectuées par la sous-division antiterroriste et la section de recherche de Marseille sur commission rogatoire des juges d’instruction d’Aix-en-Provence. Dans un communiqué diffusé lundi soir, le mouvement écologiste les Soulèvements de la Terre a dénoncé ces interpellations. Et concède : «Nous avions soutenu cette initiative de démantèlement salutaire à l’encontre d’une des entreprises les plus destructrices au monde. Nous appelons donc à soutenir très largement les personnes arrêtées aujourd’hui : dans les cortèges contre la réforme des retraites demain, par des rassemblements devant les sites Lafarge et les préfectures mercredi soir et en rejoignant massivement la mobilisation contre l’extension d’une carrière Lafarge ce dimanche 11 juin au matin à Saint-Colomban (Loire-Atlantique).»
Pour aller plus loin
«Assimiler aujourd’hui à du terrorisme l’usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clef à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement», poursuit le collectif. En décembre, 200 activistes pour le climat vêtus de combinaisons blanches avaient investi la cimenterie, qu’ils accusent de polluer l’environnement. Des opérations de sabotage ont été effectuées, mettant le site à l’arrêt.
Sanction financière
Le parquet d’Aix-en-Provence a ouvert une enquête en flagrance, confiée à la gendarmerie, et le groupe Lafarge avait déposé plainte. De nombreux politiques avaient dénoncé ce que Lafarge qualifie d’«action criminelle», alors même qu’aucune victime ni blessé n’a été déplorée. En face, les militants n’oublient pas de rappeler que Lafarge a été impliqué avec Daech, puisque le groupe a accepté de payer une sanction financière de 778 millions de dollars aux Etats-Unis et de plaider coupable pour avoir aidé des organisations terroristes en Syrie, dont le groupe Etat islamique, entre 2013 et 2014.
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A gauche, le NPA a apporté son soutien aux personnes interpellées, exigeant leur libération immédiate et sans poursuites, arguant : «Le problème, ce n’est pas celles et ceux qui alertent sur la catastrophe climatique, y compris par des actions de désobéissance, dont nous sommes solidaires. Le problème, ce sont les criminels climatiques !»