Si l’on veut régler la question des pollutions, celle des sanctions contre les atteintes est primordiale. «En France, on constate qu’il n’y a pas de culture de la sévérité contre les crimes et délits vis-à-vis de la nature, qui sont considérés comme moins graves que les atteintes aux biens des personnes», analyse d’emblée Marine Calmet, juriste spécialisée dans les droits de la nature, permettant de fixer le nœud du problème abordé lors du premier débat de l’après-midi du Climat Libé Tour ce samedi 12 décembre. Et d’ajouter : «Les normes sont bien faites, jusqu’à ce que l’on y déroge.»
Amendes, sanctions administratives, prison… Les différentes peines possibles sont abordées et critiquées par les intervenants présents à Marseille. «L’impact direct de millions de visiteurs conduit à la dégradation du site des Calanques», rappelle d’ailleurs Domitille Pelissier, responsable de la mission de police de l’environnement du Parc national des Calanques, qui impose depuis l’an dernier la réservation pour accéder au site de Sugiton, afin de limiter le nombre de personnes par jour.
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«Pourquoi des personnes condamnées continuent ? interroge en revanche Marine Calmet, juriste spécialisée dans les droits de la nature. C’est parce que les peines ne sont pas suffisantes. Le droit français permet pourtant de suspendre une activité» qui ne respecte pas la loi. «En France, poursuit-elle, on constate qu’il n’y a pas de culture de la sévérité sur les crimes et délits vis-à-vis de la nature, qui sont considérés comme moins graves contre les biens des personnes». «Je ne dirais pas qu’on est démuni en France, estime de son côté Domitille Pelissier. A Marseille, on est gâtés. Ils grandissent en même temps que nous et on voit les peines augmenter.» La création d’un parc national en 2012 a permis aussi d’étendre le champ des sanctions.
«En Guyane, il n’y a pas de surconsommation ou de très grosses activités»
De la Méditerranée à la Guyane, «joyau en termes de biodiversité», résume Marine Calmet, les problématiques diffèrent. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est moins le surtourisme que les activités économiques qui détruisent. 10 000 orpailleurs clandestins selon la juriste sévissent dans la forêt amazonienne, et là aussi l’Etat ne «met pas suffisamment les moyens» pour lutter contre cette pratique qui détruit les berges et fonds des rivières, dans lesquelles «la vie n’est plus possible». La juriste cite aussi le projet de Montagne d’or, qui aurait pu avoir un impact catastrophique sur la nature du territoire d’outre-mer s’il était allé à son terme. Clarisse Da Silva, porte-parole de la Jeunesse autochtone de Guyane, raconte, elle, la lutte contre une centrale électrique géante que la Société hydrogène de France souhaite installer au milieu des territoires autochtones.
La militante explique par ailleurs la différence fondamentale à ses yeux entre la métropole et les territoires des six peuples autochtones guyanais : «Chez nous, il n’y a pas de surconsommation ou de très grosses activités. Nous consommons localement et nous nous contentons du gibier qu’il y a autour de nous, sur la cueillette et l’agriculture, c’est pareil.» Comment alors empêcher les écocides ? Clarisse Da Silva : «On lutte, physiquement.»