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En Suède, un projet fou veut réoxygéner la mer Baltique asphyxiée par les rejets d’engrais agricoles

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La biodiversitédossier
L’université de Stockholm et deux entreprises veulent lancer une expérimentation pour redonner de la vie au désert maritime. L’idée est d’injecter de l’oxygène directement dans la mer à partir d’une plateforme offshore de production industrielle d’hydrogène.
Image satellite d’une efflorescence de cyanobactéries dans la mer Baltique, une des causes de la désoxygénation de la Baltique. (Nicolas Lee/Encrage photo)
par Nicolas Lee, correspondant à Stockholm
publié le 9 décembre 2024 à 14h09

Au milieu des bateaux en bois immobiles de l’île Skeppsholmen, en plein Stockholm, Emelie Lundqvist, biologiste à la Société suédoise pour la conservation de la nature, est nostalgique d’une époque qu’elle n’a pas connue : «Ces navires sont les témoins de la manière dont nous avons exploité la mer Baltique et ses ressources. Il n’y a presque plus de pêche artisanale.» L’absence de poisson dans les assiettes et les étals surprend souvent les visiteurs alors que la capitale suédoise est posée au milieu d’un archipel parsemé de centaines d’îles. Mais la Baltique est l’une des mers les plus polluées au monde, «une poubelle», fulmine Emelie Lundqvist.

Ces dernières décennies, l’inquiétude s’est surtout cristallisée autour du développement de «zones mortes». Depuis les années 2000, la superficie de ces espaces dépourvus d’oxygène a plus que triplé. Un phénomène qui trouve son origine durant l’après-guerre, avec la généralisation du recours aux engrais chimiques agricoles. «Les sels minéraux épandus dans les champs ruissellent et finissent dans la mer, décrit le géochimiste Christophe Rab