Une décision en forme de victoire pour le climat. La justice norvégienne a donné raison ce jeudi 18 janvier à deux ONG environnementales en invalidant les permis de production de trois gisements pétroliers dans le pays, dont l’un déjà en exploitation. La branche nordique de Greenpeace et l’organisation Natur og Ungdom avaient attaqué l’Etat norvégien en justice en juin 2023, arguant que son feu vert au développement des gisements Tyrving, Breidablikk et Yggdrasil n’avait pas été précédé d’une étude préalable sur l’impact climatique de ces projets.
Le tribunal d’Oslo leur a donné raison ce jeudi. «Il est interdit à l’Etat de prendre de nouvelles décisions» sur le développement des trois gisements jusqu’à ce que la validité des licences soit définitivement tranchée, a conclu la juge, Lena Skjold. Dans un courriel de ses services, le ministre de l’Energie, Terje Aasland, se déclare quant à lui «en désaccord avec le jugement» et dit réfléchir à faire appel de la décision. Le jugement porte sur les seuls trois gisements mais pas sur les autres activités en cours sur le plateau continental norvégien.
«Nous demandons un arrêt de tout développement»
Breidablikk, qui recèlerait quelque 200 millions de barils de pétrole récupérable, a été mis en exploitation par le géant énergétique Equinor en octobre dernier. Les deux autres, Tyrving et Yggdrasil, contenant au total environ 675 millions de barils, doivent respectivement l’être en 2025 et 2027. «C’est une victoire totale pour le climat face à l’Etat norvégien, a commenté le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym, auprès de l’AFP. Nous demandons un arrêt de tout développement.»
Alors que la Norvège est régulièrement sous le feu des critiques pour sa production d’hydrocarbures dont elle est le principal exportateur en Europe de l’Ouest, Oslo se défend en invoquant l’emploi, le développement des compétences mais aussi l’importance de garantir des livraisons stables d’énergie aux autres Européens.
En décembre 2020, dans une autre affaire semblable, la Cour suprême norvégienne avait débouté Greenpeace et Natur og Ungdom qui réclamaient l’annulation de l’attribution en 2016 de dix licences d’exploration pétrolière en mer de Barents, dans l’Arctique. La plus haute instance judiciaire du pays avait estimé que l’article 112 de la Constitution garantissant à chacun le droit à un environnement sain ne pouvait être invoqué que si l’Etat échouait à endosser des responsabilités environnementales et climatiques, ce qui n’était pas le cas selon elle. Cette fois-ci, les deux ONG affirmaient que les études d’impact climatique des trois champs pétroliers étaient «soit inexistantes soit hautement inadéquates».