La décision s’inscrit «dans une perspective de réduction d’utilisation de carburant, de CO2 et donc d’une sobriété énergétique», assure l’Elysée à Libération. Le plan de vol d’Emmanuel Macron, de retour ce jeudi matin de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, a été changé. Contre les protocoles habituels, l’Airbus A330 présidentiel et le Falcon qui ne le quitte jamais, par mesure de sécurité pour les trajets internationaux, n’ont pas fait escale à Paris.
Ils se sont rendus directement de la côte Est des Etats-Unis à Nantes. Le chef de l’Etat a alors pris la direction de Saint-Nazaire pour visiter un parc éolien au large, avant son retour à Paris en Falcon. L’A330, lui, a redécollé directement de Nantes vers la capitale avec le reste de la délégation présidentielle, qui n’était pas convié à l’événement.
Billet
Deux mois d’émissions d’un Français
De quoi éviter un aller-retour Paris-Nantes en Falcon, et pousser «l’entourage du chef de l’Etat [à saluer] “une sobriété présidentielle”», comme l’a rapporté France info. Sauf qu’en incluant la pollution due à l’escale à Nantes et le redécollage de l’A330 embarquant des accompagnateurs du président, la mesure est plus que contre-productive : selon nos calculs, elle mènerait à relâcher dans l’atmosphère 1,5 tonne de CO2 supplémentaire. Soit, en moyenne, deux mois d’émissions d’un Français.
L’A330 présidentiel émet en effet, selon nos calculs, environ 150 tonnes d’équivalent CO2 pour un trajet Paris-New York. Le Falcon, beaucoup plus petit et d’une capacité 15 fois moins importante, environ 40 tonnes de dioxyde de carbone. Un trajet transatlantique en direction de Nantes devrait émettre environ 5% de moins, en raison du trajet légèrement plus court. Mais un Nantes-Paris en A330, décollage inclus, émet au moins 15 tonnes d’équivalent CO2, contre 4 pour un Falcon. C’est ainsi le troisième décollage de l’A330 dans le nouveau plan de vol qui implique donc ce surplus d’émissions.
«A partir du moment où on économise un trajet, cela a des impacts économiques, sécuritaires et écologiques clairs, réagit-on ce jeudi soir à l’Elysée. Tous ces paramètres sont pris en compte à chaque déplacement du président de la République. C’est une ambition constante pour faire coïncider un agenda de chef de l’Etat, de chef des armées, et des objectifs de sobriété économique et écologique.»
Dans les moteurs
Dans le détail, en se basant sur la consommation du Falcon mentionnée sur le site compareprivateplanes.com et en recoupant avec d’autres sources, on arrive à une consommation de 10 700 litres de kérosène pour un trajet Paris-New York. En convertissant en kilos de CO2 (en multipliant par 2,5), puis en équivalent CO2 (en appliquant 50% de forçage radiatif), cela donne 40 000 kg de CO2, soit 40 tonnes, pour ce voyage de 6 000 km.
Pour l’A330, à partir de la consommation moyenne par passagers de ce type d’avion (3,1 litres au 100), multiplié par la capacité en passagers (268) et la distance d’un Paris-New York, on aboutit sur une émission de 150 000 kg de dioxyde de carbone, soit 150 tonnes. Cela après avoir réalisé des tests de cohérence avec la capacité du réservoir et l’autonomie de l’appareil.
Après des tests sur différents comparateurs de vols, on constate qu’un vol entre la ville américaine et Nantes consomme environ 5% de carburant en moins qu’un trajet vers Paris. En revanche, un Nantes-Paris nécessite environ 10% d’un plein nécessaire à Paris-New York, donc 15 tonnes pour l’Airbus et 4 tonnes de CO2 pour le Falcon.
Mise à jour : à 20 h 26, avec des précisions sur la méthode de calculs et la réaction de l’Elysée.