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Pollution

Les microplastiques sont omniprésents dans les sols français

Dans une étude publiée ce jeudi 26 décembre, l’Agence de la transition écologique met pour la première fois en lumière l’ampleur de cette pollution dans de nombreux sites, des forêts aux prairies, en passant par les vignes et les zones de grandes cultures du pays.
Le volume croissant de microplastiques dans l'environnement suscite de plus en plus d'inquiétudes quant à leur impact sur la nature et sur la santé humaine. (Lukasz Kobus/Pool UE. Hans Lucas)
publié le 26 décembre 2024 à 16h03

Le plastique est décidément partout. Ce jeudi 26 décembre, l’Agence de la transition écologique (Ademe) révèle la présence quasi systématique des microplastiques dans des sols à vocation agricole en France et met en lumière pour la première fois l’importance de cette pollution. Dans l’étude, les experts de l’Ademe précisent que sur les 33 échantillons de sols français prélevés sur des sites aussi divers que des forêts, des prairies, des vignes et vergers ou des zones de grandes cultures répartis sur tout le territoire de la métropole, 25 contenaient des microplastiques, soit plus des trois quarts.

En moyenne, les sols analysés contiennent quinze particules de microplastiques par kilogramme de sol sec. Toutefois, l’agence précise dans un communiqué que les données recueillies n’ont pas permis d’identifier la source des microplastiques, même si celle-ci «suppose que, pour les sols dédiés aux activités agricoles, une part de leur origine provient des pratiques agricoles mises en œuvre». Cette publication intervient quelques semaines après l’échec des négociations onusiennes à Busan, en Corée du Sud, où 198 pays ont tenté d’élaborer le premier traité international sur la pollution plastique.

«Bombe à retardement sanitaire»

Issus de la dégradation des plastiques qui s’accumulent dans les décharges ou la nature, les microplastiques sont des particules dont la taille est inférieure à 5 millimètres. Ces derniers constituent une «bombe à retardement sanitaire» qui, en plus de créer de nouvelles maladies chez les animaux, pourrait menacer la santé humaine, comme l’expliquait à Libé Jean-François Ghiglione, qui dirige au CNRS le laboratoire d’océanographie microbienne de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).

De nombreuses études se sont déjà penchées sur la contamination qu’ils génèrent dans les océans. Celle des sols, moins connue, n’a fait l’objet que de peu de travaux en France. «Il s’agit de la première étude caractérisant l’ampleur de cette contamination à l’échelle de la métropole française sur des sols soumis à différents usages agricoles et n’ayant pas reçu d’apports directs de plastique» par une intervention humaine, soulignent les auteurs de l’étude.

«Il est urgent de poursuivre ces études»

Dans le détail, les analyses effectuées par l’Institut de recherche Dupuy-de-Lôme à Lorient (Morbihan) ont révélé une contamination par les microplastiques dans la totalité des échantillons de sols de prairies, dans plus de trois quarts de ceux des sols de grandes cultures, de vignes et de vergers et dans un quart des échantillons de sols de forêt. Les échantillons de sols, qui ont été prélevés sur l’ensemble du territoire métropolitain en partenariat avec le réseau de mesure de qualité des sols de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, contenaient principalement du polyéthylène et du polypropylène, des polymères majoritairement présents dans les emballages en plastique.

«Cette présence quasi systématique des microplastiques dans les sols étudiés montre qu’il est urgent de poursuivre ces études afin de fournir des données de surveillance sur les microplastiques dans les sols», en élargissant le périmètre aux zones urbaines et aux outre-mer, observent les chercheurs. Un approfondissement des connaissances est indispensable pour «caractériser les contaminations courantes et […] en identifier les sources, afin de mettre en place un plan d’actions efficace» pour limiter et prévenir ces pollutions, pointe Isabelle Deportes, ingénieure impacts sanitaires et écotoxicologiques de l’économie circulaire à l’Ademe.