Emballé, c’est voté. Le Parlement européen, réuni en séance plénière à Strasbourg ce mercredi 22 novembre, a adopté à une large majorité de nouvelles règles en matière de déchets d’emballages. Le but : lutter contre leur augmentation constante, qu’ils soient d’origine plastique ou non, tout en encourageant leur réutilisation et leur recyclage. L’eurodéputée belge Frédérique Ries, rapporteure du texte, s’est félicitée d’un «message fort en faveur d’une révision complète du marché européen des emballages et des déchets d’emballages, [qui] aligne les ambitions environnementales sur la réalité industrielle».
Des colis aux gobelets de café, les Européens n’ont jamais autant généré de déchets d’emballages : 188,7 kg par habitant en 2021, selon Eurostat. Soit un bond de 32 kg en à peine une décennie. Il y avait donc urgence à lutter contre ce fléau. Au-delà des objectifs globaux de réduction des déchets d’emballages de 5 % d’ici à 2030 et de 15 % d’ici à 2040, les députés se sont aussi accordés sur des seuils spécifiques de réduction concernant les déchets d’emballages en plastique. Le texte prévoit de les réduire de 10 % d’ici à 2030 et de 20 % d’ici à 2040.
🗳️Adoption en plénière de mon règlement Emballages et déchets d’emballages
— Frédérique Ries (@Frederiqueries) November 22, 2023
✅Fin des #PFAS dans les emballages alimentaires
✅Tous les emballages recyclables d'ici 2030
✅Interdiction des sacs plastiques ultra-légers
❌Rejet de l'interdiction des emballages jetables de fast-food pic.twitter.com/3QX0MOnJUa
Certaines exemptions temporaires sont toutefois prévues, pour les emballages alimentaires en bois et en cire par exemple. Un amendement réclamé par les eurodéputés de Renew (libéraux), inquiets de voir disparaître les boîtes de camemberts en bois. «Le Pont-l’évêque, le Mont d’or et le Camembert sont sauvés. L’Europe n’interdira pas les boîtes en bois pour les fromages AOP. Notre priorité doit être le recyclage des emballages et la réduction des plastiques, tout en préservant notre savoir-faire français», s’enthousiasme l’eurodéputée écologiste Karima Delli sur Twitter (renommée X).
Plus généralement, au moins 90 % des matériaux d’emballages (plastique, bois, aluminium, verre, carton…) devront être collectés séparément d’ici 2029. Les nouvelles dispositions votées prévoient également que tous ces emballages puissent être recyclables dès 2030. Et recyclés dès 2035. Pascal Canfin, président de la commission environnement au Parlement européen, salue sur X cette «accélération massive et inédite vers une économie plus circulaire qui gaspille et pollue moins».
Des exemptions pour la restauration rapide
En parallèle, l’eurodéputé fustige sur Euronews McDonald’s, qui selon lui «fait pression pour garder le modèle à usage unique». Le compromis trouvé en commission et décrétant l’interdiction des contenants à usage unique pour les aliments et boissons consommés sur place dans le secteur de la restauration, comme c’est déjà le cas en France, n’a finalement pas été retenu par les eurodéputés. Le secteur de la restauration rapide et des industriels du papier n’ont eu de cesse de vanter les mérites «écologiques» des emballages cartons à usage unique, potentiellement recyclables ou issus de forêts durables, par rapport au plastique ou au réemploi, qui selon eux exigerait d’utiliser plus d’eau et d’énergie.
Dans ce nouveau texte, l’UE mise par ailleurs sur la réutilisation et impose des niveaux contraignants de réemploi des emballages pour chaque secteur. Mais la restauration échappe à ces nouveaux impératifs. Le texte approuvé par les eurodéputés, au lendemain d’une autre législation environnementale majeure pour le secteur du transport routier, impose uniquement aux distributeurs de boissons et de nourriture à emporter dans le secteur de la restauration – tels que les hôtels, les restaurants et les cafés – de donner aux consommateurs la possibilité d’apporter leur propre contenant.
Le texte, soumis à un lobbying intense, prévoit également une liste d’emballages interdits à partir de 2030. «Les députés souhaitent interdire la vente de sacs de caisse en plastique très légers (moins de 15 microns), à moins qu’ils ne soient nécessaires pour des raisons d’hygiène ou qu’ils ne servent d’emballage primaire pour les aliments en vrac afin d’éviter le gaspillage alimentaire», détaille le Parlement européen dans un communiqué. Les eurodéputés proposent en outre de restreindre fortement l’utilisation de «certains formats d’emballages à usage unique, tels que les emballages miniatures des hôtels pour les produits de toilette et les films plastiques pour les valises dans les aéroports».
Des «substances chimiques nocives» interdites
«Parallèlement à des politiques efficaces de réutilisation et de recyclage, nous veillons à ce que les emballages soient sûrs pour les consommateurs, détaille la rapporteure du texte, en ajoutant une interdiction des substances chimiques nocives dans les emballages alimentaires, en particulier les PFAS», les polluants éternels, décriés pour leur nocivité. Afin de prévenir les effets néfastes sur la santé, les députés ont dans ce sens interdit l’utilisation de ces produits chimiques et du bisphénol A dans les emballages entrant en contact avec les denrées alimentaires.
Après un texte voté le 16 novembre luttant contre les exportations européennes de déchets plastiques vers les pays pauvres, cette nouvelle réglementation illustre la prise de conscience de l’Union européenne sur le sujet des déchets.