Plages, nappes phréatiques, bruit des voitures ou des avions… A Marseille, le sujet des pollutions revient à intervalles réguliers. Il y a une trentaine d’années, l’association Cap au Nord, est créée afin de défendre le cadre de vie et l’environnement des 15e et 16e arrondissements de la ville. Invité au Climat Libé Tour ce samedi, son vice-président, Jean-Pierre Lapebie, documente ces sujets pour alerter et lutter sur le terrain, dans les Quartiers Nord et plus largement. Pour Libération, il revient sur les différentes formes de pollution qui frappent Marseille et sa population.
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Vous avez parlé ce samedi des «pollutions invisibles» qui sont trop peu médiatisées. Quels sont les exemples concrets auxquels Marseille est confronté ?
Il y a par exemple la pollution de la mer en microplastiques et en produits issus de l’industrie portuaire. Quand les bateaux rentrent en réparation, ils utilisent des produits chimiques. Il y a forcément des déchets de peinture, de ponçage, qui sont parfois rejetés directement en mer. Toutes les fumées des bateaux sont également révélées par les mesures de nos capteurs, qui montrent que la situation est sérieuse. On peut aussi citer la pollution des nappes phréatiques par Satys, une usine qui intervient dans la fabrication de peintures pour Airbus Helicopters à Marignane. Elle utilise un produit hautement cancérigène, le chrome 6 et ses cuves fuyaient depuis un certain nombre d’années, à proximité d’un lycée.
Comment rendre visible cette «pollution invisible» ?
On fait des manifestations, on publie pas mal sur notre site, on essaie de mobiliser par des pétitions, on fait des rencontres publiques, du porte-à-porte. On rencontre également les gens à la sortie des supermarchés, notamment la population la plus précaire, par laquelle on est souvent très bien reçus, en dépit des préoccupations économiques, qui prennent souvent le dessus. Paradoxalement, dans un supermarché bio, qui reçoit une autre population, ça a été difficile, et on a réussi à faire signer qu’une dizaine de personnes.
Quelles sont les solutions les plus concrètes qui permettraient de lutter contre ces pollutions ? Et de votre côté, quelles sont vos initiatives les plus récentes ?
Sur le dossier de la pollution sonore causée par les rotations incessantes vers l’aéroport de Marignane, il y a eu quelques progrès après notre manifestation du 17 juin. On a été reçus par le secrétaire général de la préfecture, puis par le préfet, qui a écrit au ministre des Transports, Clément Beaune, pour demander une enquête. Depuis, il y a un léger changement provisoire de la trajectoire des avions. Ils nous ont dit que ça allait durer deux ans, le temps de définir une nouvelle ligne qui passerait au-dessus de zones non-habitées. Du côté des bateaux de croisières en revanche, il faut qu’ils débranchent leurs moteurs lorsqu’ils restent à quai et qu’ils passent à l’électrification. Cela évitera que les moteurs tournent à plein régime toute la journée. Et cela réduira leur pollution.