Devant la canopée des Halles, dans le centre de Paris, deux grosses enceintes diffusent un fond sonore oppressant. Sous une cinquantaine de paires d’yeux, dont ceux de vigiles sur leurs gardes, des personnes sont assises ce jeudi 23 novembre midi, veille du Black Friday, sur des caissons surélevés. Espacés les uns des autres de plusieurs mètres, ils sont reliés par une longue ficelle. Les militants accrochent des vêtements sur le fil, certains sont maculés de sang, d’autres floqués de slogans comme «victimes de la mode» ou «nous consommons leur exploitation». Quelques badauds, des emplettes sous le bras ou un sandwich à la main s’arrêtent, sans trop savoir à quoi ils assistent. «Si ça se trouve, c’est une œuvre ou un spectacle», croit deviner un jeune qui ne fait que passer.
A quelques heures de la grand-messe annuelle des promos, une dizaine d’associations ont tenu à dénoncer les travers de la surconsommation qu’engendre une telle journée. Dans leur viseur : la fast fashion et ses conséquences dévastatrices, tant sur l’environnement que sur les droits humains. Au micro, une voix monotone rappelle quelques faits : chaque année, quelque 150 milliards de vêtements sont produits dans le monde ; l’industrie textile est responsable de 10 % d