«Mise en danger de la vie d’autrui», «écocide», «pollution des eaux» et atteinte au règlement de l’Union européenne sur les substances chimiques… Les griefs sont nombreux dans la vallée de la Chimie, dans le Rhône, où 34 communes ont déposé une plainte collective lundi 30 octobre, après la révélation par la presse – dont Libération – de «concentrations alarmantes» de polluants éternels «PFAS» liés à des sites industriels. Une première plainte, déposée par la commune de Pierre-Bénite, a récemment débouché sur l’ouverture d’une enquête judiciaire pour «mise en danger de la vie d’autrui» par le parquet de Lyon.
Cette nouvelle plainte, qui réunit aussi six fédérations de pêcheurs et 35 particuliers, porte sur les «risques et effets nocifs sur la santé» des PFAS, les «informations alarmantes sur l’état du sol et des eaux» et sur les «manquements» de la part d’Arkema et Daikin, deux groupes industriels classés Seveso seuil haut, implantés au sud de Lyon. Ces 75 plaignants disent avoir été alertés sur les «risques générés par les activités d’Arkema et Daikin» grâce à la diffusion d’un documentaire sur France 2 au printemps 2022. Une enquête édifiante qui a poussé les autorités à lancer des analyses sur plusieurs sites industriels de la région, sur l’état des rivières et des nappes phréatiques.
«Rejets faibles et maîtrisés»
Selon la préfecture régionale, les rejets émis par Daikin dans le Rhône «demeurent faibles et maîtrisés et ceux produits par Arkema respectent les paliers de réduction imposés» par un arrêté préfectoral pris en septembre 2022. En attendant d’arrêter d’utiliser des PFAS – d’ici 2024, selon une décision préfectorale – Arkema a installé une station de filtration pour réduire drastiquement ses rejets. Alors que les riverains demandent de plus amples analyses sanitaires, Arkema a conseillé aux usagers de ses jardins ouvriers de ne plus consommer les fruits et légumes issus des sols environnants. Les autorités ont aussi recommandé aux habitants de quatre communes, dont Pierre-Bénite, de ne manger ni œufs ni volailles et de ne pas consommer de poissons pêchés dans le Rhône.
Enquête
Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés, dotés de propriétés antiadhésives et imperméables, sont des polluants très toxiques qui peuvent se trouver dans des rejets industriels, des sites d’enfouissement ou des produits d’usage courant – emballage, textile, ustensiles de cuisine, mousse anti-incendie, etc. Surnommés «éternels», ils sont très résistants à la dégradation dans l’environnement, très persistants et très mobiles. En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité et sur le développement du fœtus, augmenter les risques d’obésité ou favoriser certains cancers (prostate, reins et testicules), selon des études scientifiques.