Ils sont presque impossibles à détruire, peuvent nuire à la fertilité et favoriser l’apparition de cancers. Les polluants éternels ont été détectés dans 43 % des prélèvements effectués dans 44 communes par la cellule d’investigation de Radio France et son réseau de radios locales France Bleu, d’après leur enquête publiée ce jeudi 19 septembre.
En outre, 27 échantillons contenaient des «Pfas interdits ou classés comme cancérogènes». Dans le cas de cinq villes, Auxerre, Lille, Saint-Jean-de-Losne, Saint-Vit et Déols, les quantités de ces polluants dans l’eau du robinet sont particulièrement inquiétantes. Enfin, dans trois communes, Cognac, Martres-Tolosane (Haute-Garonne) et Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône), les taux de Pfas sont bien supérieurs à la norme réglementaire en France, qui préconise de ne pas dépasser les 100 nanogrammes par litre.
Produits chimiques
A Cognac (Charente), l’eau en contient près du double, soit 200 nanogrammes par litre. Or, la rivière qui alimente le réseau de distribution d’eau est bordée de «plusieurs industries en amont, dont une papeterie et un ancien atelier de traitement des métaux», remarque France Bleu. Un centre de pompiers à proximité fait également un usage régulier de mousse anti-incendie, qui contient des polluants éternels.
Idem à Martres-Tolosane, où de nombreuses industries sont implantées. Dans l’eau de la petite commune de Haute-Garonne, les analyses ont révélé la présence d’«un cocktail de huit molécules différentes» de Pfas. Et puis à Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône), où des industries de pétrochimie ont largement contaminé le Rhône, neufs polluants éternels ont été détectés, «dont deux particulièrement cancérogènes et un [qui] est interdit en France».
Bientôt un seuil obligatoire
Menée en étroite collaboration avec le laboratoire Ianesco, agréé par les autorités sanitaires, cette enquête journalistico-scientifique dresse un portrait alarmant de l’état de l’eau en France. Le pays devrait rendre le seuil préconisé, à savoir 100 nanogrammes/litres, obligatoire dès le premier août 2026, mais la norme paraît dérisoire alors que d’autres pays européens mettent la limite à 2 nanogrammes.
Toutefois, «un groupe de travail d’une quinzaine de chercheurs planche en ce moment sur toutes les études scientifiques publiées récemment afin de revoir éventuellement nos valeurs toxicologiques», précise l’enquête.