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PFAS

Polluants éternels : le ministère de la Transition écologique dépose un recours contre l’arrêt des activités de Daikin

Le ministère va se pouvoir en cassation devant le Conseil d’État contre la suspension par la justice de l’exploitation d’une nouvelle unité de production du groupe chimique Daikin. Il est mis en cause dans une pollution massive aux PFAS dans le sud de Lyon.
Sur le site de production de Daikin, à Pierre-Bénite, le 6 mai. (Maxime Jegat/MAXPPP)
publié le 10 juillet 2024 à 21h04

Nouvel épisode dans l’affaire des polluants éternels qui sème le trouble dans la Vallée de la Chimie, au sud de Lyon. Alors que la justice avait suspendu l’exploitation d’un nouvelle unité de production du groupe chimique Daikin, soupçonnée de pollution aux PFAS, la préfecture du Rhône annonce ce mercredi 10 juillet que le ministère de la Transition écologique va se pourvoir en cassation. L’industriel est, avec le groupe chimique Arkema - tous deux situés à Pierre-Bénite (Rhône) - mis en cause dans la pollution aux PFAS retrouvée en quantité démesurée dans l’eau, les sols et l’air des communes du sud de Lyon. Ces polluants, dits éternels du fait de leur persistance dans l’environnement, sont omniprésents dans notre vie quotidienne (ustensiles de cuisine, cosmétique, textile, papier toilette…) et présentent une liste considérable de risques sanitaires associés.

Le ministère conteste une ordonnance «par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a suspendu l’exécution de l’arrêté préfectoral du 2 février», indique la préfecture dans un communiqué. Cet arrêté portait sur la création d’une unité de production et de stockage de «pré-compound» (polymères additivés) sur le site de Daikin. Or certains de ces composés sont justement des PFAS.

200 000 personnes exposées

Saisi par des associations de riverains inquiets - près de 200 000 habitants de la zone sont exposés - le tribunal administratif de Lyon avait suspendu cet arrêté le 20 juin. Quatre jours plus tard, une inspection «a confirmé l’arrêt de production, à l’initiative de l’exploitant». L’arrêt de l’unité de production était valable jusqu’à ce que Daikin apporte des «compléments d’informations».

Concernant la qualité des eaux potables dans la zone, la préfecture précise que deux captages sont «encore en situation de non-conformité». Pour lesquels «des solutions sont en cours d’étude». Des travaux devraient permettre «un retour à la conformité dans les prochaines semaines» pour deux autres captages.

Depuis quelques mois, les actions en justice se multiplient en France contre Daikin et Arkema. L’inquiétude et l’incrédulité parmi les 200 000 habitants exposés au sein de la Vallée de la Chimie montent, entre ateliers publics d’information et mobilisations. Une étude épidémiologique va même être menée - une première - afin d’évoluer les conséquences de cette pollution massive : les premiers résultats seront connus en 2025, et les définitifs en 2027.

Le cas des PFAS retentit bien au-delà de Lyon. Le Sénat et l’Assemblée nationale se sont penchés, en mai, sur un encadrement de ces polluants et ont adopté leur interdiction dans les vêtements ou cosmétiques - mais pas dans les ustensiles de cuisine. Mais la proposition de loi écologiste a été mise en pause avec la dissolution - le député porteur du texte, Nicolas Thierry, a toutefois été réélu.