Menu
Libération
Etude

Pollution atmosphérique en Ile-de-France : moins de particules fines permet de sauver des vies mais aussi des milliards d’euros

En région parisienne, la baisse de la concentration de PM2,5 dans l’air a permis d’éviter plusieurs milliers de morts prématurées en dix ans, mais aussi d’économiser des frais de santé. C’est le constat dressé ce vendredi 26 septembre par l’organisme Airparif, qui rappelle toutefois que la situation peut et doit encore s’améliorer.

Lors d'un épisode de pollution à Paris, en janvier 2024. (Joao Luiz Bulcao/Hans Lucas. AFP)
Publié le 26/09/2025 à 17h51

Les spécialistes de santé publique ne cessent de le répéter : la prévention sauve des vies, réduit les inégalités sociales, mais engendre également une diminution des coûts. La dernière étude en date d’Airparif, association indépendante agréée pour la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, le confirme une fois de plus. Dans son analyse publiée ce vendredi 26 septembre, l’organisme rapporte que la mise en place de mesures destinées à réduire la concentration des particules fines PM2,5 dans l’air francilien a permis d’éviter une facture de 61 milliards d’euros entre 2010 et 2019. Au cours de la même période, les frais engagés pour ces politiques publiques étaient plus de dix fois inférieurs (5 milliards d’euros). Constat implacable.

Selon Santé publique France, 40 000 décès sont attribuables chaque année à une exposition prolongée aux PM2,5 d’origine anthropique. Ces particules inférieures à 2,5 micromètres proviennent principalement des activités de chantier, du trafic routier et du chauffage au bois. Elles sont responsables de pathologies respiratoires, cardiovasculaires et métaboliques (liées à une perturbation du métabolisme, tel le diabète). En région parisienne, 6 200 personnes sont mortes de manière prématurée, en 2019, en raison des PM2,5. C’est beaucoup, c’est trop, mais en 2010, 10 350 décès avaient été enregistrés. Au cours d’une décennie, le nombre de victimes de cette pollution mortelle a donc chuté de 40 %.

-55 % en vingt ans

Améliorer la qualité de l’air permet incontestablement d’alléger le fardeau sanitaire et économique. En Ile-de-France, ce sont les «politiques publiques de réduction du trafic routier» (vignettes Crit’Air et zone à faibles émissions, par exemple), «d’aide au changement de moyen de chauffage» (pour remplacer les chaudières au bois ou fioul) ainsi que les «dispositifs de surveillance et d’information» qui ont entraîné une diminution très significative la pollution atmosphérique, écrit Airparif. Les concentrations de PM2,5 ont baissé de 35 % en dix ans (2012-2022) et de 55 % en vingt ans (2002-2022). L’année dernière, la valeur limite annuelle de ces particules fines (25 microgrammes par mètre cube, 25 μg /m³) a d’ailleurs été respectée dans tous les arrondissements de Paris et les départements alentour, explique l’association.

Est-ce suffisant ? Bien sûr que non. Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), le niveau maximal annuel des PM2,5 ne devrait pas dépasser les 5 μg /m³. Et dès 2030, la France devra de toute façon se conformer à la nouvelle réglementation de l’Union européenne, qui a abaissé le seuil à 10 μg /m³. Poursuivre les efforts est donc une absolue nécessité. Dans un rapport publié en janvier dernier par Airparif et l’Observatoire régional de santé, les auteurs estiment que si les règles européennes 2030 étaient respectées, 170 cas de cancer du poumon et 230 infarctus pourraient être évités chaque année en Ile-de-France (contre 750 nouveaux cas de cancer du poumon et 1 200 nouveaux cas d’infarctus actuellement). Si la France parvenait à descendre jusqu’aux limites dictées par l’OMS, la région compterait annuellement 590 nouveaux cas de cancer des poumons et 920 infarctus en moins.

«Un levier d’action transversal»

De manière plus globale, et en intégrant les autres polluants atmosphériques (notamment les particules PM1O et le dioxyde d’azote NO2), la mauvaise qualité de l’air coûte encore à l’Ile-de-France 28 milliards d’euros par an. Soit «plus de 2 200 euros par Francilien» chaque année, précise Airparif dans sa nouvelle étude. «L’impact économique global est essentiellement porté par les impacts sanitaires qui représentent à eux seuls 93 % de celui-ci», développe l’association. Il s’agit majoritairement de dépenses liées aux décès prématurés (23 milliards d’euros) et dans une moindre mesure (3 milliards d’euros) aux «consultations médicales, aux traitements, aux hospitalisations, aux besoins d’accompagnement social, aux aménagements du domicile, aux absences au travail et aux retraites anticipées», notamment. «La lutte contre la pollution atmosphérique constitue donc un levier d’action transversal, aux bénéfices multiples», concluent les auteurs du document d’Airparif. Qui, au passage, rappellent qu’améliorer la qualité de l’air permet de lutter contre la crise climatique et l’érosion de la biodiversité.