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Encombrement

Pollution dans le métro et le RER à Paris : un niveau de concentration en particules fines «élevé» dans 13 stations sur les lignes 2, 5 et 9

Ile-de-France Mobilités et Airparif ont mis à jour et complété, lundi 14 octobre, leur cartographie de la pollution de l’air dans l’ensemble des stations de métro et de RER souterraines de Paris et sa proche banlieue. Père Lachaise, Oberkampf ou encore Michel-Ange Molitor atteignent des seuils jugés trop élevés.
3 % des quais de gares et stations de Paris ont des niveaux de pollution trop élevés. (Julien De Rosa/AFP)
publié le 15 octobre 2024 à 11h51

Dans quelles stations l’air est-il dégradé ? L’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités et l’observatoire de l’air en région parisienne, Airparif, ont répondu à cette question, ce lundi 14 octobre, à l’aide d’une cartographie complète de la pollution dans le réseau de transport souterrain de la capitale et sa proche banlieue. L’étude, qui a analysé la qualité de l’air sur 426 quais de gares et stations souterraines, révèle un niveau de concentration en particules fines jugé «élevé» dans 13 stations, soit 3 % du réseau. Elles sont situées sur la ligne 2 (Pigalle, Belleville, Père Lachaise), la ligne 5 (Ourcq, Laumière, Jaurès, Oberkampf) et sur la ligne 9 (Oberkampf, Saint-Philippe-du-Roule, Iéna, Trocadéro, Michel-Ange-Auteuil, Michel-Ange Molitor). Elle complète et met ainsi à jour la précédente cartographie, publiée en janvier 2024, qui s’était concentré sur 44 quais uniquement.

Dans ces stations empruntées quotidiennement, les niveaux de concentrations en particules fines PM10 dépassent les 480 µg/m³, soit le seuil maximum recommandé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire à partir d’une heure d’exposition. Le temps moyen passé chaque jour dans les transports par beaucoup de Franciliens. Les autres ne présentent pas non plus un air des plus purs : un niveau de pollution «moyen» (entre 140 et 480 µg/m³) a été recensé dans 276 stations, et «faible» (inférieur à 140 µg/m³) sur 123 quais. L’Organisation mondiale de la santé recommande, elle, un taux maximum de 140 µg/m³, mais cela concerne l’exposition à l’air libre. Par ailleurs, 14 gares et stations récemment inaugurées (sur la ligne 11, 14 et sur le RER E) n’ont pas pu être classées par manque d’informations, et 236 autres sont aériennes ou ouvertes, et n’ont donc pas été prises en compte.

De nouveaux freins moins émissifs expérimentés

Pour réaliser cette cartographie, Airparif s’est appuyé sur sa première étude présentée en janvier, où les mesures ont été prises sur des durées longues, au moins une semaine complète 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Elle a ensuite réalisé un modèle basé sur 19 facteurs pour comprendre ce qui déterminait le niveau de pollution dans chacune de ces stations (profondeur de la gare, type de freinage utilisé par les trains, présence de portes palières, longueur du tunnel…). Airparif a ensuite, grâce à ce modèle, estimé les niveaux de pollution dans l’ensemble des stations du réseau. «Le type de matériel roulant, et notamment de freinage, exerce une grande influence sur les niveaux de pollution de l’air», avance l’observatoire dans son analyse. La présence de portes palières sur les quais et la ventilation sont aussi «des paramètres d’influence notable», ajoute l’organisation.

Dans son communiqué, Ile-de-France Mobilités assure avoir déjà pris des mesures pour améliorer la qualité de l’air depuis la première cartographie, notamment par l’installation de ventilateurs, afin de faire baisser la concentration de particules fines. Une autre expérimentation aura lieu sur le RER C : les stations Porte de Clichy et Neuilly Porte Maillot seront dotées, pendant un an, de solutions technologiques permettant de filtrer les particules. De nouveaux freins moins émissifs de particules fines sont également expérimentés sur les trois lignes pointées du doigt. «Les émissions venant des plaquettes de frein des trains sont une des principales origines de l’empoussièrement dans les stations», concède l’autorité francilienne.

La forte concentration de l’air en particules fines peut favoriser des difficultés ou maladies respiratoires, notamment chez les personnes fragiles. Lors d’une audition devant l’Assemblée nationale mercredi 9 octobre, le PDG de la RATP, Jean Castex, a rappelé qu’aucune étude n’a jamais été en mesure de prouver la nocivité de l’air du métro. «Les études de mortalité [des agents de la RATP] engagées depuis plusieurs années par les autorités sanitaires n’ont jamais démontré de prévalence d’affections broncho-pulmonaires ou de maladies liées à ces particules», a-t-il souligné. En avril 2023, l’association Respire a tout de même porté plainte contre la RATP pour «mise en danger d’autrui» et «tromperie» en raison de la qualité de l’air dégradée dans les souterrains ferroviaires parisiens.