Entre le petit aéroport d’Octeville-sur-Mer et la Manche, à trois kilomètres de la plage du Havre, des quais de déchargement en béton armé pendent au bord de la falaise. Ce sont les seuls témoins apparents des quatre anciennes décharges privées de Dollemard. Entre 1960 et 2000, des camions bennes cheminaient jusqu’ici pour jeter leur contenu dans le vide. Des gravats principalement, mais pas que. «C’était une autre époque», se souvient Pierre Dieulafait, élu écologiste au conseil municipal du Havre de 2001 à 2014, qui a mené un combat acharné avec l’association Ecologie pour Le Havre pour la fermeture de la décharge. «J’ai grandi au Havre et je me baignais l’été dans une eau brillante d’hydrocarbures… Dollemard c’était loin, personne ne se souciait de ce qu’il se passait là-bas», souligne-t-il. Entre 300 000 et 400 000 mètres cubes de détritus (l’équivalent de 160 piscines olympiques) gisent toujours en contrebas.
Quand on parvient à atteindre la grève, au prix d’une longue marche sur les galets, le monticule qui subsiste de la décharge est un terrain miné : des tiges de fer jaillissent entre les galets, des machines rouillées jouxtent des bris de carrelage, des boîtes de conserve, des pneus, un chariot. Des déchets provenant de chantiers municipaux ont aussi fait le grand plongeon : on retrouve les tombes d’un cimetière vidé pour construire une patinoire, des sacs de gravats estampillés ville du Havre. La coulée de terre mêlée de détritus forme un mille-feuille