Un classement et une carte à consulter avant de choisir où poser sa serviette cet été. Une plage française sur cinq est régulièrement polluée par des bactéries et 5 % d’entre elles sont même «à éviter», selon une étude publiée ce vendredi 24 mai par l’association Eau et Rivières de Bretagne (ERB). Sur les 1 854 plages de l’Hexagone et de la Corse, 93 sont «à éviter» et 316 «déconseillées», d’après le classement de l’association bretonne, publié sur le site labelleplage.fr.
A l’inverse, la baignade est «recommandée» sur 690 plages du territoire et «peu risquée» pour 755 autres, soit la grande majorité.
Des disparités régionales
Les plages les plus mal classées se trouvent dans les Alpes-Maritimes, le Nord, le Pas-de-Calais, le Calvados et la côte nord de la Bretagne. Des plages de Landunvez (Finistère), Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ou Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) occupent la queue du classement.
Les eaux de ces plages sont contaminées, entre autres, par la bactérie E. coli, comme c’est le cas de la Seine, par exemple. «Si vous êtes un adulte entre 20 et 60 ans, non immuno-déficient, le risque de gastro-entérite est très faible, rassure Eau et Rivières de Bretagne. Si vous n’appartenez pas à cette catégorie, évitez de boire l’eau de mer, même involontairement…».
A l’inverse, les étendues de sable les mieux classées se situent sur la façade Atlantique, en Occitanie et en Corse, avec les plages de Lège-Cap-Ferret (Gironde), Palavas-les-Flots (Hérault) ou Etel (Morbihan) dans le peloton de tête.
Reportage
La pollution des plages est due à de multiples facteurs. L’élevage hors-sol, l’épandage, la méthanisation ou encore l’assainissement collectif et individuel sont autant de sources bactérielles qui finissent dans la mer. Comme le rappelle l’association sur son site, «lorsqu’il pleut, toutes les gouttes de pluie retrouvent la rivière plus ou moins rapidement. Et lorsque le sol est situé sur une roche imperméable […] les gouttes de pluie rejoignent facilement la rivière et peu les sous-sols. Elles ruissellent et emmènent avec elles la pollution des sols (bactérie, virus, pesticides, PFAS, hydrocarbures, micro-plastiques)».
A Landunvez, sur la côte nord du Finistère, où cinq plages sont classées «à éviter» ou «déconseillées», c’est la multiplication des élevages de porcs qui est régulièrement pointée du doigt par les associations de défense de l’environnement. Christophe Le Visage, vice-président de l’association Eau et Rivières de Bretagne, estime qu’une soixantaine de plages de la région sont touchées par des pollutions dues au lisier épandu dans les champs. «En termes de bactéries, un cochon c’est l’équivalent de trente humains», souligne-t-il.
«Un autre classement avec les mêmes données»
Pour élaborer ce classement, l’association a utilisé des résultats d’analyses officielles, dont elle a tiré un nouvel indicateur, plus précis selon elle que celui publié par le ministère de la Santé (baignades.sante.gouv.fr). «On a essayé de concevoir un autre classement avec les mêmes données. Car beaucoup de plages sont classées bonnes ou excellentes alors même qu’elles subissent des pollutions», a expliqué Christophe Le Visage, vice-président d’ERB.
L’association attribue une note sur 100 à chaque plage en évaluant le risque sanitaire pour chaque prélèvement effectué par les autorités : si 10 % des prélèvements sont classés «moyen» ou «mauvais», la note est de 90. Ce classement crée ainsi quatre catégories de plages, où la baignade est «recommandée» (note égale ou supérieure à 95), «peu risquée» (entre 85 et 95), «déconseillée» (de 70 à 85) et «à éviter» (inférieure à 70).
Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé, 92,4 % des sites de baignade en eau de mer étaient classés d’excellente ou de bonne qualité en 2022.