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Pollution

Qualité de l’air : les particules ultrafines à proximité du trafic routier empoisonnent la santé des Parisiens

Dans la capitale, les niveaux de ces particules de la taille d’un virus, sont deux à trois fois plus élevés sur les grandes artères que dans les quartiers préservés des voitures, alerte un nouveau rapport d’AirParif ce vendredi 20 juin.
Place de la Concorde, à Paris. (Benoit Durand /Hans Lucas. AFP)
publié le 20 juin 2025 à 7h00

Sans surprise, le trafic routier est une source de pollution majeure à Paris. La capitale est même «classée dans les villes ayant les plus forts niveaux de particules ultrafines en Europe», souligne une étude publiée ce vendredi 20 juin. Réalisée en collaboration avec la Ville de Paris, cette analyse d’AirParif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air, alerte sur ces niveaux préoccupants, deux à trois fois plus élevés à proximité des axes routiers.

Dans le détail, 14 200 particules par centimètre cube (cm³) ont été mesurées le long du boulevard Haussmann et 18 800 particules /cm³ le long du Boulevard périphérique Est. A distance des axes routiers, c’est-à-dire près des Halles, dans le centre de la ville, et dans le XVIIIe arrondissement, on tombe respectivement à 6 400 et 7 900 particules /cm³.

Petite particularité, les niveaux de particules ultrafines sont plus élevés en hiver qu’en été (jusqu’à 25 600 particules /cm³ en hiver contre 18 800 particules /cm³ en été), notamment à cause du chauffage au bois lors de la saison froide, autre source majeure de particules. De plus, les conditions météo en hiver réduisent la dispersion des particules, ce qui favorise la pollution, souligne le rapport. Ainsi, Paris et Londres ont des niveaux plus faibles en été, à l’inverse des autres villes étudiées, dont Francfort et Amsterdam.

Pour obtenir ces résultats, deux campagnes de mesure ont été menées. La première de février à avril 2022 et la seconde de juillet à septembre 2023. Aussi, quatre sites de mesure ont été choisis : deux au cœur de la ville, et deux à proximité du trafic routier.

Cette étude «renforce notre détermination à réduire la place de la voiture dans Paris. Chaque rue rendue piétonne, chaque piste cyclable créée, chaque trottoir élargi contribue à rendre Paris plus respirable», assure Dan Lert, adjoint à la Maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie.

Organes et fonctions vitales touchés

«Par leur très petite taille, les particules ultrafines (PUF) inhalées […] sont nocives pour la santé», pointe AirParif. En effet, les risques sanitaires, toujours en cours d’évaluation, sont toutefois déjà bien connus : les particules ultrafines, d’un diamètre inférieur à 0,1 micromètre, soit la taille d’un virus, peuvent franchir les alvéoles pulmonaires et pénétrer dans l’organisme par voie sanguine. Et, ainsi, atteindre tous les organes et les fonctions vitales.

Selon des chiffres de 2022, 6 220 personnes sont mortes en Ile-de-France en 2019 en raison d’une exposition prolongée aux PM2.5, des particules fines à peine plus épaisses que les ultrafines. Dans le monde, pas moins de sept millions de morts sont attribuables à la pollution de l’air tous les ans.

Si les autres particules fines, les PM10 et PM2.5, sont réglementées, ce n’est pas le cas des ultrafines, qui échappent encore à toute norme. «La directive européenne de 2024 impose leur surveillance, mais sans fixer de seuil à ne pas dépasser», précise Airparif.

De fait, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la nouvelle Directive Européenne sur la qualité de l’air recommandent de renforcer leur surveillance sur le long terme. De quoi définir des valeurs limites précises et sauver des vies.