Imaginez une file ininterrompue d’1,55 million de camions de 40 tonnes encerclant la Terre le long de l’équateur. Imaginez-les remplis jusqu’à la gueule d’une myriade de vieux appareils dotés d’une fiche électrique ou d’une batterie, digne d’un inventaire à la Prévert : ordinateurs, téléphones, téléviseurs, réfrigérateurs, climatiseurs, lampes, machines à laver, rasoirs, brosses à dents ou bouilloires, jouets, vapoteuses… C’est une image saisissante des quelque 62 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE ou e-déchets) produits par l’humanité en 2022. Un record, un chiffre choc, en hausse de 82 % par rapport à 2010, alerte l’ONU dans son quatrième rapport mondial sur le sujet, publié ce mercredi. Et la tendance devrait s’aggraver. En 2030, le monde engendrera 82 millions de tonnes de ces rebuts des temps modernes, soit un nouveau bond de 33 % en huit ans.
Car nos modes de vie ultra connectés sont toujours plus gourmands d’objets – littéralement – branchés, l’électricité et l’électronique s’invitant désormais dans les vélos et scooters, les capteurs médicaux et environnementaux, les meubles et vêtements, les LED ou les pompes à chaleur. Ne manquent que les repasse-limaces et les ratatine-ordures de Boris Vian. De sorte que chaque être humain a produit en moyenne 7,8 kilos de e-déchets en 2022. Une moyenne qui cache de fortes disparités, l’Europe se montrant la plus «productrice» (17,6