26 septembre 2019, en Normandie. L’usine Lubrizol s’embrase et Rouen suffoque. Le panache de fumée est noirâtre, l’odeur insupportable, les habitants confinés et l’affolement palpable. L’installation chimique de propriété américaine, située à seulement trois kilomètres du centre-ville, est un établissement classé Seveso «seuil haut» en raison de la quantité très importante de matières dangereuses qui y sont exploitées et des risques toxiques majeurs en cas de combustion. Sur place, les angoisses sur les effets sanitaires et environnementaux nourrissent le traumatisme et la colère. Cette exploitation était-elle aux normes ? Suffisamment surveillée ? La catastrophe industrielle aurait-elle pu être évitée ?
«Il n’y a pas assez d’agents»
Pointé du doigt pour avoir minimisé l’accident et rassuré à tout prix, le gouvernement finit par admettre quatre mois plus tard, par la voix de sa ministre de la Transition écologique, une certaine Elisabeth Borne, la nécessité «d’aller un cran plus loin dans l’anticipation des accidents industriels». En France, 500 000 installations à risque sont dites «classées pour la protection de l’environnement» (ICPE), dont environ 1 300 sites Seveso (1). Deux promesses post-Lubrizol sont alors formulées