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Russie

Vladimir Poutine autorise une hausse des émissions de gaz à effet de serre dans son pays

Le président russe a signé, ce mercredi 6 août, un décret fixant un objectif climatique a priori ambitieux, mais qui permet en réalité à la Russie, quatrième émetteur mondial, de polluer encore plus.
Vladimir Poutine, à Magnitogorsk, en Russie, le 16 juillet. (Kristina Kormilitsyna/REUTERS)
publié le 6 août 2025 à 18h29

L’arbre qui cache la forêt. Le président russe, Vladimir Poutine, a signé ce mercredi 6 août un nouveau décret qui fixe pour objectif d’ici 2035 «une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 65 à 67 % par rapport au niveau de 1990». Le tout, afin de «mettre en œuvre l’accord de Paris», écrit le chef d’Etat. Un objectif climatique à première vue ambitieux, semblable à celui de l’Union européenne, qui vise -55 % d’ici à 2030. Excepté que ce calcul revient à autoriser l’émission annuelle d’environ 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit 22 % de plus qu’en 2021, où le pays n’en avait émis «que» 1,7 milliard. En réalité, ce décret permet donc à la Russie de polluer plus qu’avant.

Largement insuffisant

Le président se veut rassurant en rappelant «l’impact des vastes forêts russes qui absorbent le carbone». Le pays, quatrième émetteur mondial de dioxyde de carbone, doit théoriquement parvenir à zéro émission nette d’ici 2060. Et respecter l’objectif de l’accord de Paris, qui limite le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle par rapport aux niveaux préindustriels. Pour de nombreux militants russes, la réduction promulguée par Vladimir Poutine est largement insuffisante.

Le nouvel objectif russe est certes en deçà du record de 3,1 milliards de tonnes de gaz à effet de serre émis par le pays en 1990. Mais des experts considèrent aussi qu’il est trompeur de se baser sur le niveau de 1990 comme point de départ : entre 1990 et 2000, les émissions de gaz à effet de serre de la Russie ont en effet chuté de plus de moitié, en grande partie en raison de l’effondrement de l’industrie après la dissolution de l’Union soviétique.

Gaz et pétrole

En parallèle, la Russie s’est prononcée contre l’abandon progressif des combustibles fossiles lors de précédents sommets mondiaux sur le climat. La faute à son économie, très dépendante de ses exportations de gaz et de pétrole. Des déclarations allant à l’encontre des objectifs climatiques mondiaux. Pourtant, selon le chef du service météorologique d’Etat russe, le pays n’est pas épargné par le réchauffement climatique, bien au contraire : la Russie se réchauffe 2,5 fois plus vite que le reste de la planète.