Limiter l’entrée de certains véhicules dans les villes est-il efficace ? Chez nos voisins belges, il semblerait que oui. Depuis janvier 2018, la Région de Bruxelles-Capitale s’est dotée d’une zone de basses émissions (LEZ pour «low emission zone», ZFE pour «zone à faibles émissions» en France) qui interdit la circulation aux véhicules les plus nocifs pour l’environnement et la santé. Une mesure adoptée par plus de 250 villes européennes, dont Paris et sa première couronne, Grenoble ou encore Lyon, afin de limiter les émissions du transport routier, secteur à forte empreinte carbone et améliorer la qualité de l’air. Ce mardi, la publication d’une étude menée sur deux ans permet de vérifier les effets de la ZEF déployée dans la capitale belge et dix-neuf communes alentour.
«Chute spectaculaire»
Le rapport de l’administration de l’environnement et de l’énergie de la région constate que l’instauration d’une ZEF a bien modifié la nature des véhicules en circulation. «Le nombre de véhicules polluants a fortement diminué dans la circulation», note le communiqué de Bruxelles environnement. Dans le détail, les voitures diesel ne représentaient plus que 46 % en juin, alors qu’elles constituaient 62 % du trafic avant la création de la zone. «C’est une chute spectaculaire. En à peine trois ans, c’est gigantesque. En comparaison, en France, nous avons diminué la part des diesels de cinq points en six ans», pointe Olivier Blond, ancien directeur de l’association Respire et délégué spécial à la lutte contre la pollution de l’air en Ile-de-France. «Cette diminution s’effectue au profit des véhicules essence et hybrides», précise le rapport belge.
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La modification du parc automobile à Bruxelles et ses environs a en conséquence amené une baisse, entre juin 2018 et octobre 2020, de 9 % des oxydes d’azote (NOx), de 38 % des suies et de 17 % des PM2.5, ces petites particules fines qui vont se nicher au fond des poumons. Bien entendu, la crise du Covid est passée par là, mais son effet sur le trafic a été déduit des résultats, affirment les auteurs de l’étude. Cette réduction est bienvenue car dans la région de Bruxelles, le trafic routier est «la première source d’oxydes d’azote (NOx) et de suies […] et l’un des grands responsables des émissions de particules fines», précise Bruxelles environnement.
Selon l’Agence européenne de l’environnement, la pollution de l’air cause chaque année 9 000 décès prématurés en Belgique, dont environ 1 000 rien qu’en région bruxelloise. Elle provoque notamment des maladies respiratoires et cardiovasculaires, et est responsable de coûts économiques importants pour la société (médicaments, hospitalisations, absentéisme au travail).
«D’autres facteurs que la ZFE»
Et à Paris, les effets sont-ils similaires ? Une ZFE a bien été initiée en 2015, puis renforcée à plusieurs reprises, avec dernièrement une limitation de la vitesse à 30 km/h. Mais Airparif fait seulement des évaluations préalables pour estimer l’impact que pourra avoir la mise en place de ces ZFE en matière de pollution de l’air. «Globalement, il est très compliqué de faire des études d’impact a posteriori pour ce type de politique publique parce qu’il y a d’autres facteurs que la ZFE, comme le renouvellement normal du parc automobile, qui favorise l’achat de véhicules plus récents», précise-t-on du côté de cet organisme de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France.
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Les villes françaises sont bien en deçà du succès bruxellois pour deux raisons, estime Olivier Blond. D’abord, la Belgique a taxé le diesel pour que celui-ci, plus polluant, devienne plus cher que l’essence. Ensuite, les pouvoirs publics ont mis en place la vidéoverbalisation, alors qu’en France, très peu de contrôles sont effectués dans les ZFE. Pas assez dissuasif. Nombre de vieux véhicules interdits circulent donc encore dans Paris et les 79 communes qui l’entourent.